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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/266

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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

crut pour un instant trop court voir apparaître dans l’apothéose du soleil, la douceur florentine dont Pétrarque mourait, parce qu’il en était loin.

Le soleil d’octobre qui là-bas prend des rutilances de fournaise — il est rouge comme nos horizons par les soirs d’été — venait d’eclater hors des nuages et simulait une blessure palpitante au flanc d’un Dieu. La ville était couverte d’une huée et de cette buée légère et grise il ne sortait que la tour du Palais Vieux, dentelée comme une herse, et le campanile du Duomo dont étincelait la croix. Personne, à cette heure enchantée. Les touristes, les hideux Cook qui déshonorent Florence et qu’on voit malgré soi, dormaient. Jacques était seul. Et une haleine de floraison printanière flottait encore ; des campagnes environnantes, un coq chanta. La tour du Palais Vieux se colora en rose vif et des églises çà et là apparurent. Par une lumière inexpliquée, l’Arno luisait tel qu’un serpent mouillé dans l’herbe. Et l’on ne distinguait que