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AGONIE

oiseaux se furent apaisés et que la dernière lueur se fut éteinte, Jacques ferma ses croiséées. Tout à l’heure la pensée de Ninette l’effleurait encore. Le recueillement des soirs invite a la prière. Et c’est prier un peu que d’évoquer l’amour. Leur amour, blanc et pur comme un ruisseau d’avril, frais comme lui, murmurant comme elle. Il écoutait dans son âme cette chanson mouillée et les caresses évanouies avaient la douceur des herbes que le courant entraine. Oh Ninette ! Tout à l’heure aussi, ses bras s’étaient tendus vers la plaie éparse au ciel et mentalement il souhaitait que sa blessure se ferme en même temps que ce reflet du soieil.

Ninette… Ninette… Les appels d’oiseaux, la brise dans les branches, le grondement du fleuve lui disaient Ninette… Ninette… S’il avait eu des remords, si leur histoire ne s’était pas trouvée liliale il aurait pu calmer sa peine par ce remords, car rien ne tue, ou rien n’exalte l’amour comme un passé douloureux. Ninette… Ninette ! Jac-