ment la reliure. Cela fait sept siècles ! Et quels étaient les rapports entre El-Mostanser et Wali-Bedr ?
— Tu les qualifieras toi-même, lorsque tu en connaîtras l’origine… L’année 462 de l’Hégire a été marquée en Égypte par une famine épouvantable dont notre historien Aboulféda nous a retracé les horreurs. Le sultan El-Mostanser était à cette époque dans un extrême dénuement. La milice turque l’avait réduit à l’impuissance. Il a vécu cette année de 462 des secours d’une vieille femme et de mon aïeul Wali-Bedr…
— El-Mostanser dans une pareille détresse !
— Son long règne compte des années glorieuses et des années misérables… La querelle sanglante entre sa milice turque et sa milice nègre, des guerres malheureuses, l’obligation de recourir à des princes étrangers pour assurer la paix dans son royaume, une administration défectueuse due au changement fréquent de ses vizirs, tout cela l’avait singulièrement affaibli. Et puis cette famine…
— J’en ai entendu parler… Il parait que les fellahs se mettaient en bande et hurlaient autour du palais. Un vizir, m’a-t-on dit, fut arraché de sa mule qu’on dévora sous ses yeux…
— Ce que tu ignores peut-être, c’est que les coupables furent exécutés et que l’on permit à la populace de manger leurs cadavres…
— Est-ce humainement possible ? s’exclama Waddah-Alyçum avec une grimace.
— Un individu rassasié comme toi, répondit