— Hag-Abd-el-Akbar ! s’écria-t-il en tapant dans ses mains.
— Qui le demande ? dit une voix de femme venant de l’intérieur.
— Est-ce qu’il est là ?
— Non, il n’est pas là.
— Où est-il ?
— Dans la barque… Attends un instant… qui es-tu ?
— Je suis le fils de Hag-Mahmoud-Riazy.
— Que tu vives ! Sidi, que tu vives !… va… tu trouveras Abd-el-Akbar sur le Nil.
— Bonjour, ma tante.
— Bonjour, mon fils.
Goha descendit le raidillon. Au milieu du Nil, une barque était immobile.
— Hag-Abd-el-Akbar ! appela Goha, Hag-Abd-el-Akbar !… Hé, là, hé…
Le pêcheur fit signe qu’il avait entendu et un quart d’heure après il accosta.
Le courant étant très fort, il fallut trente-cinq minutes pour traverser le fleuve.
Abd-el-Akbar était grand et maigre. Il parlait d’une voix rauque et d’un air contrit comme obsédé par une idée fixe. Son front était haut, sillonné de rides, le reste de son visage était petit. Une barbe grise et courte semblait plaquée sur ses joues creuses. Il avait gardé le silence tout le temps de la traversée. En arrivant, il désigna un filet au fond de la barque.
— Je pêche depuis l’aube, dit-il. Il n’y a que du mauvais poisson.