Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/372

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étreinte, si vous voulez connaître le souteneur d’une négresse, regardez-le !…

Il leur expliqua que ce fils dégénéré de Hadj Mahmoud Riazy avait commis plus de crimes que toute une génération d’hommes. Il avait violé Hawa, il avait violé Nour-el-Eïn, la femme de son protecteur, il avait étranglé deux de ses sœurs et Waddah-Alyçum, un de ses amis…

— Quand sa mère était enceinte, il lui donnait des coups dans le ventre pour la faire avorter… C’est un chien, je vous dis que c’est un chien.

L’œil fou, Goha vit s’ouvrir autour de lui de grandes bouches molles dont il sortait des haleines fétides et des clameurs effroyables. Une vingtaine de poings s’abattirent sur lui, le soulevèrent… Il se retrouva dans la rue, poussé en avant par des forces irrésistibles. Il se laissait docilement mener tant qu’il voyait la voie ouverte devant lui, mais à chaque détour du chemin, saisi d’épouvante, il pesait en arrière, crispait les pieds pour s’accrocher au sol. Les fumeurs se précipitaient sur lui et l’obligeaient à avancer.

Ayant poussé loin dans le désert, les fumeurs s’arrêtèrent stupéfaits. Dans quel but s’étaient-ils tant éloignés de la ville ?… Et cet homme, que faisait-il parmi eux ? Le visage morne, ils interrogèrent du regard le client de Hawa qui les avait entraînés. Celui-ci, non moins étonné que ses compagnons, ouvrit la bouche s’apprêtant à parler, réfléchit une longue minute et répéta stupidement :

— C’est un chien !