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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

cortège nuptial. Au moment du départ, il fut impossible de refermer la porte ; la clef ne fonctionnait pas et le temps manquait pour chercher un serrurier. Parée de ses plus beaux atours, la famille se lamentait.

— Je resterai à la maison ! dit Zeinab avec humeur.

— Nous resterons toutes à la maison ! répliquèrent Hellal et Nassim.

— Et pourquoi, madame ? protesta Hawa.

— Tu veux, ingrate, qu’on vole mon coffret ? gémit Zeinab. Tu veux qu’on prenne mes bijoux ?

Mahmoud allait lui proposer de les emporter, mais il s’aperçut qu’elle avait déjà un sautoir et un collier à son cou, une quinzaine de bagues à ses doigts, des bracelets tout le long de l’avant-bras et des broches sur les seins…

— Qu’est-ce qui te reste dans le coffret ? demanda-t-il.

— Mon collier de seize perles, trois broches, vingt bracelets, mes voiles brodés d’or, mes cachemires… Non ! non ! Allez, vous autres. Je resterai.

— Tes paroles sont fades comme de la salive ! cria Mahmoud à bout de patience.

Hawa tapotait son maître sur le dos pour calmer sa colère. Cependant les enfants pleuraient, les femmes s’énervaient et les efforts de la négresse semblaient vains, lorsqu’elle posa les yeux sur Goha qui, seul, demeurait impassible :

— Que Goha garde la maison ! s’exclama-t-elle.

Cette proposition qui conciliait les intérêts de tous, reçut un accueil enthousiaste. Zeinab,