Aller au contenu

Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

445

CANON CATHOLIQUE

446

Edog. ex Script., 2, 53, P. G., t. IX, col. 700, 728, a cité encore Hénoch, et il cite IV Esd., v. 35, sous le nom d’Esdras le prophète. Strom., IV, 16, P. G., t. VIII, col. 1200. — Réponse. — Ces citations d’apocryphes se rencontrent certainement dans les œuvres des Pères des trois premiers siècles. Mais c’est à tort qu’on veut les comparer aux citations empruntées aux livres deutérocanoniques. L’usafjfe de ces apocryphes ne fut, en effet, ni universel, ni constant ; il fut l’acte isolé de tel ou tel Père, et il ne résista pas à l’épreuve du temps. Origène, In Joa., 11, 25, P. G., l. XIV, col. 168-169, en parle comme d’écrits qui ne sont pas admis par tous. Bientôt, ils furent rejetés unanimement, et ils n’ont jamais eu en leur faveur la reconnaissance publique de tontes les Eglises, I)rincipal indice de la canonicité.

2. Du iv" au xvi*^ siècle. — Cette période est la période de discussion et de doutes au sujet des deutérocanoniques. Toutefois, l’opposition a été plus ou moins vive et a passé par des phases diverses qu’il est bon de distinguer.

a) Au i’siècle. — «. Dans l’Eglise grecque. — Sauf les doutes exprimés à Origènepar Jules Africain sur les parties deutérocanoniques de Daniel, les livres et les fragments qui nous occupent n’avaient subi aucune attaque au cours des trois premiers siècles de l’Eglise. Les rapports avec les Juifs avaient seulement amené quelques écrivains ecclésiastiques à distinguer deux catégories délivres de l’Ancien Testament. Pour la même cause, la distinction fut accentuée au iv= siècle, d’abord en Orient, et aboutit à faire formuler des doutes sérieux sur la canonicité des deutérocanoniques. Dans sa xxxix"^ lettre foslalc qui est de 367, saint Atuanase, évêque d’Alexandrie, distingue très nettement deux catégories de livres sacrés, hormis les apocryphes. Les livres canoniques de l’Ancien Testament sont, pour lui, au nombre de 22 seulement, et il les énumère en omettant Esther, mais en y comprenant Baruch, qu’il rattache à Jérémie. En dehors de ces livres divins, il j’a d’autres livres qui ne sont pas inscrits au canon, mais que les Pères ont ordonné de faire lire aux catéchumènes pour leur instruction, à saoir la Sagesse deSalomon et celle de Sirach, Esther, Judith, Tobic, la Doctrine des apôtres et le Pasteur. P. G., t. XXVI, col. 1176. Cette distinction, empruntée non aux Juifs, mais aux Pères, c’est-à-dire aux docteurs de l’Eglise d’Alexandrie, qui avaient établi l’usage de lire aux catéchumènes la seconde catégorie des livres, voir Origène, In Num., homil. xxvii, n. i, P. G., t. XII, col. 780, ne répond pas exactement au classement des livres protocanoniques et deutérocanoniques. Saint Cyrille de Jérusalem enseigne aux catéchumènes dont l’instruction lui est confiée que l’Ancien Testament ne contient que 22 livres, (ju’il énumère et qu’on lit dans les églises. « Que tout le reste soit mis à part, au second rang », et ce reste, c’était, pour l’Ancien Teslament, Tobie, Judith, la Sagesse, l’Ecclésiastiiiue et lesMachabées. Comme les 22 livres étaient ceux qu’ont traduits les Septante, Crt/., iv, 33, 35, 36, P. G., t. XXXIII, col. 496 sq., le livre de Daniel comprenait les fragments deutérocanoniques, fju’il cite d’ailleurs : le cantique des trois enfants, Cat., 11, 16 ; ix, 3, col. 404, 640, l’histoire de Bel et du dragon, xiv, 25, col. 857 ; celle’ic Susanne, xvi, 31, col. 961. Baruch est joint à Jérémie. Saint GuÉ( ; oire ue Nazianze, Carm., i, 12, P. G., I. XXXVII, col. 472, ne nomme aussi que les 22 livres l’-'lcstinicns. Il omet Esther, et il ajoute que ce qui est en dehors (k- ces livres n’est pas authentique. Saint Ami’uiloque, /am/y/ ad Seleucum, ibiJ., col.ibc)6, ’Ml de même. Saint Epiimiane cite trois fois le canon . Juifs, Ue pond, et mens., 4, 22, c3, P. G., t. XLUl, 1. 244, 276-280 ; //aer., VIII, 6, ^. 6’., t. XLI, col. 413 ;

mais, Hær., lxxvi, 5, P. G., t. XLII, col. 560, il range la Sagesse et l’Ecclésiastique parmi les Ecritures divines.

Le 60’canon du concile de Laodicée, Mansi, Concil., t. II, col. 574, et le 85= canon des apôtres, P. G., t. CXXXVll, col. 211, ne mentionnent que les livres de la Bible hébraïque.

En dehors des écrivains ecclésiastiques, qui ne veulent reproduire c{ue le canon des Juifs, les autres, qui excluent du canon chrétien certains livres deutérocanoniques, ont été amenés à cette exclusion pai* leurs i-apports avec les Juifs. Obligés de défendre la foi chrétienne contre ces adversaires, ils ne devaient dans la polémique invoquer que les livres de la Bible hébraïque. D’autre part, ignorant l’hébreu, ils ne pouvaient recourir au texte original, ils prenaient donc dans les Livres saints, traduits en grec, les livres correspondant au canon hébraïque, et c’est pourquoi sans doute ils dressaient des listes incomplètes des livres canoniques. Au reste, ils ne se faisaient pas faute de citer, textuellement ou par allusion, ces livres qui n’étaient pas reçus par tous et qu’on ne lisait pas dans les églises. Ainsi saint Atuanase cite la Sagesse, l’Ecclésiastique, Tobie et Judith comme Ecriture, et il s’en sert dans ses écrits dogmatiques pour établir les vérités de la foi. Saint Cyrille de Jérusalem cite, par exemple, Sap., xiii, 5, dans Cat., ix, 2, 16, P. G., t. XXXllI, col. 640, 656 ; Eccli., iii, 22, dans Cat., vi, 4, col. 544- Saint Grégoire de Nazianze cite aussi la Sagesse et l’Ecclésiastique. Orat., 11, 50 ; iv, 12 ; vii, i ; xxviii, 2 ; xxxi, 29, P. G.^ t. XXXV, col. 459, 541, 737 ; t. XXXVI, col. 33, 36, gS, 165. De même, saint Epi-PUANE, Ilær., xxiv, 6, 16 ; xxxiii, 8 ; xxxvii, 9 ; lxxvii, 4, P. G., t. XLI, col. 316, 357, 369, 653 ; t. XLII, col. 177 ; Ancorat., i, P. G., t. XLIII, col. 20.

D’autres Pères orientaux, qui n’ont pas émis de doutes sur les deutérocanoniques de l’Ancien Testament, font usage de ces livres. Saint Basile, Liber de Spiritu Sancto^Yin, 19, P. G., t. XXXII, col. 10 1, cite Judith, IX, 4. Ce livre, au témoignage de saint Jérôme, Præf. in Judith, P. L., t. XXIX, col. 39, aurait été mis au nombre des Ecritures sacrées par le concile de Xicée, en 325. Toute l’Ecole d’Antioche est favorable aux deutérocanoniques. Saint Ciirysostomk et TuÉodoret les citent. De même, les écrivains syriens, Aphraate et saint Ephrem. Les doutes étaient donc loin d’être universels, et les Pères qui les émettaient, n’en tenaient pas compte dans la pratique, puisqu’ils citaient les deutérocanoniques comme les protocanoniques, non pas seulement pour l’édiGcat ion des fidèles, mais même pour la continuation de la foi. C’est un indice certain que l’ancienne croyance de l’Eglise réglait leur conduite et les amenait à citer, en dehors de la polémi((ue avec les Juifs, les livres sur la canonicité desquels ils avaient émis des doutes théoriques.

b. Dans l’Eglise latine. — Ces doutes ont passé de l’Orient à l’Occident. Ils ne sont, en elfet, exprimés que par les écrivains latins qui ont été en rapport avec les Grecs. Saint IIilairk de Poitiers. In Psalnws, prol.. ib, P. L., t. IX, col. 241, ne reconnaît dans l’Ancien Testament que 22 livres ; mais il joint à Jércmie la « Lettre », c’est-à-dire Baruch, vi. Il ajoute que, pour avoir 24 livres, quelques-uns complètent la liste par Tobie et Judith. RuiiN, /// synibol. apust., 37, 38, P. /.., t. XXI, col. 374, ne range parmi les livres « canoniques » que les 22 livres du canon palestinien. Il appelle « ecclésiastiques » la Sagesse, l’Ecclésiastique, Tobie, Judith et les deux livres des Machabées, que les anciens, dit-il, « ont prescrit de lire dans les églises, mais qu’ils n’ont i)as voulu alléguer pour conlirmer l’autorité de la foi ».ll semble avoir emprunté cette distinction à saint Alhanase ; mais il lexplique autreuunt, puisque ces livres ecclésiastiques étaient