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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/559

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DIMANCHE

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Le nombre des membres de cette Association dépasse plusieurs milliers. Le désir du Comité central est de les grouper en comités paroissiaux, rattachés ordinairement à quelqu’une des confréries ou œuvres de piété existant déjà sur la paroisse. Un certain nombre de ces comités existent déjà. En attendant leur formation, partout où l’Œuvre s’établit, un comité local est institué. Les membres de l’Œuvre estiment que leur but principal doit être de procurer non seuleuient le repos, mais aussi la sanctification du dimanche. Il faut avoir d’abord le repos du dimanche : c’est donc le but le plus immédiat, le plus prochain. L’Association travaille à l’obtenir, en faisant appel au sentiment religieux qu’elle estime seul assez fort pour décider l’homme à sacrifier ses habitudes et à les assujettir à la loi de Dieu. — Comme action intérieure, elle demande à ses membres l’engagement de ne pas travailler ni faire travailler le dimanche. Elle leur demande, s’ils ont à faire construire, de stipuler dans leurs cahiers des charges (ou verbalement, s’il s’agit de travaux minimes) que nul travail ne sera fait le dimanche ; s’ils ont des métairies, que les travaux non urgents seront remis aux autres jours. Ils doivent s’abstenir de faire des commandes qui seraient exécutées le dimanche, exiger que les livraisons d’objets achetés ne soient pas faites le dimanche, et les refuser au besoin. Us doivent s’abstenir d’acheter le dimanche, et favoriser de leur clientèle les magasins fermant ce jour-là. — Comme action extérieure, l’Association s’applique d’abord à faire connaître la question du repos dominical, à la vulgariser, soit par des conférences faites chaque année sur divers points par les membres les plus autorisés, soit par ses publications. Outre son bulletin, diA’ers fascicules et des iuiages toutes spéciales, elle publie des brochures de propagande, illustrées et non illustrées, ainsi que des tracts. Toujours représentée dans les congrès, elle sait bien que c’est à force de répéter les choses et de stimuler l’attention qu’on arrive à intéresser le public et à saisir les esprits. Comme résultats immédiatement pratiques, elle provoque la formation de listes de conmierçants s’engageant à fermer le dimanche ; son Bulletin a publié plusieurs de ces listes, concernant soit des quartiers de Paris, soit des villes de province : Nancy, Rennes, Versailles, Lunéville, etc. Depuis plus de vingt ans, dans les assemblées annuelles des actionnaires des Compagnies de chemins de fer, des propriétaires d’actions ou des mandataires recherchés par l’Association prennent la parole afin de demander à l’administration ce qu’elle fait pour le repos du dimanche de ses employés non occupés au service des voyageurs, et des ouvriers de ses nond)reux ateliers. Ces questions, accueillies avec étonnement au début, sont aujourd’luii acceptées, et quelques Compagnies insèrent même dans leur rapport annuel un passage sur le repos du dimanche

L Œuvre rappelle aux actionnaires des diverses Compagnies de chemins de fer ou autres, qu’ils sont, en conscience, obligés de s’occuper de ceux qu’ils emploient, et de leur procurer, dans la mesure de leur pouvoir, le repos dominical. Elle demande à ceux qui sont membres de quelque assemblée délibérante : conseil municipal, Chamltrede commerce, etc., de s’efforcer d’obtenir, par voie de pétition, la fermeture totale des gares de petite vitesse le dimanche, et directement l’insertion, dans les cahiers des cliarges de travaux à exécuter, de l’obligation du repos dominical, clause qui existait jadis pour tous les travaux publics. Sans solliciter l’intervention du législateur — la loi du 13 juillet 1906 a démontré son peu d’elhcacité, — lvssociation demande aux pouvoirs yniblics d’observer eux-mêmes le repos du dimanche

pour leurs nombreux travaux, d’accorder ce jour-là un roulement au personnel de la Poste — roulement qui commence à fonctionner à la satisfaction des catholiques, — et de ne pas empêcher les Compagnies, qui en auraient le désir, de fermer, le dimanche, levu-s gares de petite vitesscv

L’observation du dimanche est, avant tout, affaire de l’initiative privée ; elle est, par-dessus tout, une question de bonne volonté. C’est en ce sens qu’il importe d’agir, en concert déplus en plus actif avec les œuvres similaires, Y OKuvre dominicale de France, fondée à Lyon, en 1853 par l’infatigable apôtre que fut M.deCissey : siège social à Lyon, rue Alphonse Fochier ; organe mensuel, le Z’// «  « 7U’/ « eca</(o//<^ « e, — La Ligue populaire pour le repos du dimanche, non confessionnelle, qui admet toutes les opinions et revendique le seul repos du dimanche. Fondée en 1889 par M. de Nordling, et présidée en dernier lieu par M. Cheysson, elle a surtout exercé une action sur les pouvoirs administratifs, et elle a organisé divers groupes en province, notamment à Lille ; ^ L’Association des propriétaires chrétiens, fondée il y a un quart de siècle par le comte Yvert, persuadée que son premier devoir consiste à protéger le travail chrétien, que les catholiques doivent se soutenir intimement, et qu’il appartient aux plus fortunés, aux plus aisés d’entre eux de donner l’exemple : à cet effet, elle organise des Comités à Blois, à Pau, etc. ; — les L’nio71s fédérales, formées deV L’nion fraternelle, d’où quelques années plus tard sortirent les six Syndicats fraternels du bâtiment, qui comptent près de trente-cinq ans d’apostolat social et corporatif en faveur du repos du dimanche. L’action des Unions fédérales, dans ces deux dernières années, s’est manifestée, au regard du dimanche, par la fondation de la Commission d action sur les acheteuses, réunissant à sou siège social, 368, rue Saint-Honoré, les divers représentants des groupes féminins d’action sociale catholique, des grandes Associations et Ligues ayant pour but le repos du dimanche. Et lorsqu’on 1908 le Comité diocésain de Paris commença à siéger, sa Commission dés œui’rés sociales, présidée par le comte Albert de Mun, mit en tête de son ordre du jour le repos du dimanche : la réunion plénicre du Comité diocésain adopta les principales résolutions pratiques de la Commission d’action sur les acheteuses. Il s’ensuit et il s’ensuivra un mouvement paroissial déjà brillamment inauguré à Saint-Sulpice, grâce au zèle de son pasteur. Voilà un des heureux exemples de ce que peut produire l’action individuelle, prônée par l’Associationpour le repos et la sanctification du dimanche ! Cette association, présidée par le colonel Keller qui a succédé à son vaillant et si regretté père, fortifie présentement son Comité par l’adjonction de membres pris dans le grand connuerce, et compte développer énergiquement son action sur le terrain, forcément laissé jusqu’ici au second plan, de la sanctilication du dimanche.

Cette tâche s’impose d’autantplus impérieusement aux catholiques, qu’ils sont en état d’apprécier pleinement la loi votée en 1906. Par une sorte de conju ration universelle, la loi du repos hebdomadaire qui, dans son texte et dans son esprit, visait le repos dominical, est défigurée à l’envi par des modifications qui la dénaturent ; elle n’empêche pas qu’il y ait quantité de bouti(]ues ouvertes. Le Gouvernement est le premier à trahir la loi du 13 juillet 1906, qu’il était chargé d’appliquer et de défendre. L’initiative privée, l’action individuelle, inspirée par le sentiment religieux, obtiendront bien davantage que l’intervention du législateur. Le grand danger, tant de la loi elle-même que de la manière dont l’appliquent les pouvoirs publics, est d’installer en France le