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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/599

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DOGME

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Au surplus, voici comment se corrige ce qu’il peut y avoir de trop rigide dans les dispositions précédentes.

C. Latitudes. — Au-dessus de l’intelligence rudimentaire des dogmes, il y a, de l’aveu des docteurs catholiques, une intelligence plus haute, celle qui explicite le contenu de chaque vérité’, et surtout celle qui en pénètre plus à fond le sens et la valeur religieuse, à peu près comme les notions l’eçues dans l’enfance prennent, après expérience personnelle, une évidence qui équivaut à une révélation, non crescitiir spatiosa mole, dit S. Augustin, sed intelligentia luminosa, In Joa., tr. xcvii, n. i, P. L.. t. XXXV, col. 1878 ; etsi non uudiunt amplins, intelli giint amplins, tr. xcviii. n. 2 sq., col. 1880 sq. et le S. Docteur observe que l’Apôtre en disant : Si quis vohis evangelizaverit prætev id quod accepistis anathema sit, Gal., i. 9. a bien spécifié : non ait plus quant sed præter quant, excluant ainsi non une prédication plus élevée, mais un enseignement contraire, ibid., n. j, col. 1884.

Bien au delà de cette connaissance plus parfaite, commence la connaissance mystique, jusqu’à atteindre des vérités qu’aucune langue humaine ne peut traduire. // Cor., XII, 4 ; S. Augustin, op. cit., n. 8, col. 1885. De ce côté, le développement du dogme demeure, au moins pour l’individu, indéfiniment ouvert

Seulement, voici par où se maintient l’économie du plan dÏA’in.

Cette illumination supérieure est promise à l’action sainte, non à la subtilité dialectic|ue, à la vertu, non au talent. C’est justice.

De plus, elle reste, de droit, sous le contrôle de l’Eglise hiérarchique. A celle-ci de dire si l’illusion ne s’y mêle pas. Son critère est jsimple : il lui suffit de voir si la continuité entre cette ascèse et cette science plus hautes et la science et la morale de la révélation première est bien sauvegardée. C’est le principe du bon sens : il n’y a de progrès que dans l’identité, ou, sous une forme plus concrète : il n’y a d’autre fondement possible que le Christ des apôtres, / Cor., III, 11 ; XII, 3 ; S. Augustin, op. cit., tr. xcaiii, n. 6 sq. col. 1883 sq. Pour ces motifs, tous les auteurs mystiques renvoient les âmes au magistère extérieur de l’Eglise ; après examen, celle-ci respecte ce mystère de prédilection et laisse l’àme seule à seul avec son Dieu. ScinvALM, O. P., Le respect de l Eglise pour l action intime de Dieu dans les âmes, liei’ue Thomiste, 1898, t. VI, p. 707 sq. Voir Révélations privées.

Telle j)arait être l’économie de la révélation. Sans iloute, on n’est pas assez sûr de bien lire les faits, pour dire : « Voilà le plan de Dieu. Admirez cl croyez ! » — Nous croyons pour d’autres causes. Mais à considérer ainsi le dévelop|)ement des dogmes, on découvre une conciliation singulière de <|ualités opposées, telle, seiuble-t-il, qu’elle doit se prochiire, si l’Infini entre en contact avec notre mondt ;  : continuil ( d’idée et, en ce sens. immutal)ilité qui convient aux pensées divines ; mutabilité et ])rogrés qui marquent les élal)orations liumaines ; fermeté dans l’articulation du vrai, et réserve (|ûi la réduit à l’indispensable, pour secourir notre activité, sans la siq)primer ; uniformité (hms l’essentiel, jjarce que Di »’ii est « Voie, Vérité, Vie » unir|ues. et variété dans l’accessoire, parce qu’il est l’Inlini, quant aux ressources de sa providence et aux richesses de sa condescendance.

C’en est assez, au moins, pour se refuser absolument à préférer ces conceptions, assez simplistes en somme, du rationalisme : une révélation individuelle

sans contrôle, ou purement affective sans idée définie, ou une morale sans dogme, ou un dogme, mais en phrases invariables de je ne sais quel métal qui déjoue les arguties de tous les intellectuels, ou malléable au contraire au gré des derniers penseurs à la mode.

Sagesse pour sagesse, mieux Aaut celle que nous entrevoyons à travers les obscurités de la foi. Et mieux vaut, comme règle de conduite, celle de toute l’antiquité chrétienne : union indissoluble au Saint-Esprit par l’Eglise ; ubi enim Ecclesia, ibi Spiritus Dei, et ubi Spiritus Dei, illic Ecclesia et omnis gratin : Spiritus autem Veritas. S. Iréxée, Ady. hacres., 1. III, c. XXIV, n. ï, P. G., t. VII, col. 966, S. Augustin, In Psal. Liv, n. 24, P. L., t. XXXVI, col. 644 Bibliographie

I. Le mot : Suicerus, Thésaurus ecclesiasticus, in-fol., Amsterdam, 1682, p. 984 scj. ; cf. H. Estienne, dans son Thésaurus ling.græc. ; Heinrich, art. Dogma, dans le Kirclienlexicon, in-8°, Fribourg-en-Br., 1884, p. 1879 sq. ; Goodspeed, Index patristicus, in-8’^. Leipzig. 1907, p. 56 sq. ; Schûtz, Thomaslexi con, in-8’J, Paderborn, 1896, sa-t. Articulus, Dogma…

II. Histoire des théories modernes. — A. Auteurs protestants plus importants : Lichtenberger, Histoire des idéesreligieusesen Allemagne, Paris, 1888 ; O. Pfleiderer, De-elopment of theology in Germany since Kant, and its progress in Great Britain since 18’J5, in-8’^ Londres. 1890 ; éd. alleni.. Die Entwicklung der Theol., Fribourg-en-Br., 18gi ; Eyolution of theology and other essays, in-S", Londres, 1900 ; A.Bertrand, La pensée religieuse au sein du protestantisme libéral, Paris, igoS ; J. Réville, Le protestantisme libéral, Paris, 1908 ; E. Doumergue, Les étapes du fidéisme, Paris, s. d. ; Mme Coignel, L’évolution du protestantisme français au XIX" s., in-16, Paris, 1908, etc.

B. Auteurs catholiques. — Sur le mouvement protestant. Ch. Bénard, danslai ?<’t7<cecc/es. de Metz, février-juillet 1898 ; surtout G. Goyau, L’Allemagne religieuse, Le protestantisme, 2’éd., in-12, Paris, 1901 ; pour le protestantisme français, les chroniques de MM. Dudon et Portalié dans les Etudes, de M. Bricout dans la Bey. du clergé français.

Sur le mouvement catholique : J. Vacant, Etudes théologiques sur le Concile du Vatican, in-8°, Paris, 1895, t. 1, p. 61-1 45 ; Bellamy, Histoire de la théol. cathol. au A7A> s, , in-8>', Paris, 1904 ; J.-V. Bainvel dans in Siècle, in-fol., Paris, 1900, t. III, p. 15318’j ; G. Goyau, L Allemagne religieuse. Le catholicisme, in-12, Paris, 1906 sq. ; de Grandmaison, dans la Bévue prat. d apolog., 1908, t. Vl. p. 5s(i., 81 sq.

III. Existence du dogme. — Cathol. : A. M. Weiss, O. P., Die religiose Gefahr, 3* éd., in-12, Fribourgen-Br. , 1904, P- 148 sq. ; cf. 69 S(i., 87 sq., 460 sq. ; D. M. Baltus, O. S. B., I.e christianisme sans dogmes, dans la Bévue bénédictine, 1899, t. XVI, p. 563-575 ; de Grandmaison, l.a religion de l Esprit, dans les Etudes, 1904, t. C, p. 15s([., 165s(i. ; Mgr BatilTol. L Eglise naissante, in-i>, Paris, 1909, p. 80 s([., 146 sq.’, 160 s([., 190 s(|. ; Lebreton. Histoire des origines du dogme de la Trinité, in-S", Paris, 1910.

IV. Valeur de vérité et de vie. — Voir les réponses à l’article de M. Le Roy, Qu est-ce quun dogme ? dans la Quinzaine, 1905, p. 502 sq., spé-