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FOI, FIDEISME

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connaît ni déclin ni nuiit. Le Concile, loin de ciaindie cette légitime évolution du do^’me, en salue avec complaisance les perspectives, faisant siennes, en la matière, les belles exi)ressions de saint Vincknt DE Lkrins : Il Qu’elle grandisse donc, qu’elle progresse de plus en plus, tant en chaque lidèle qu’en tous, en chaque homme qu’en toute l’Eglise, à mesure qu’avancent les temps et les siècles, l’intelligence, la science, la sagesse ; mais dans la ligne qui convient, c’est-à-dire dans l’identité du dogme, île l’idée, de la pensée. » Je n’ai pas à expliquer ici le sens précis de ces paroles (voir l’article Dogmk) ; je dois noter seulement l’anathème porté contre qui prétendrait que « peut-être un jour, avec le progrès de la science, il faudra donner aux dogmes proposés par l’Eglise un sens différent de celui qu’y a vu et qu’y voit l’Eglise ». En condamnant l’erreur de Guen-Iher, le Concile fournissait une formule directrice, qui devait servir pour reponsser des erreurs autrement dangereuses que celles du rêveur autrichien. Les derniers i)aragraphes de la Constitution mériteraient d’être rapportés ici, même s’ils devaient paraître, au premier abord, ne toucher que de loin à notre sujet, car ils nous montrent le souci île l’Eglise pour la pureté de la foi chez ses enfants ; mais, rien que de ce chef, ne font-ils pas partie d’une étude apologétique sur la foi ? « Fidèles au devoir de notre suprême fonction pastorale, nous [irions, par les entrailles de Jésus-Christ, tous les chrétiens, mais ceux-là surtout qui dirigent ou qui ont charge d’enseigner, et nous leur enjoignons, au nom de ce Dieu Sauveur, de mettre tout leur zèle et tout leur soin à écarter ces erreurs loin de la sainte Eglise et à répandre la très pure lumière de la foi. Mais comme ce n’est pas assez d’éviter la ])erversion hérétique (kæreticain prcu’italf/n), si nous ne fuyons aussi soigneusement les erreurs qui s’en approchent plus ou moins, nous rappelons à tous le devoir d’observer les Constitutions et les Décrets par lesquels des opinions de ce genre, qui ne sont pas énuniérées ici expressément, ont été proscrites et prohibées par ce Saint-Siège. »

BiBLioGHArniE. — La Constitution Bei Fitius se trouve partout. Pour elle, comme pour les antres textes ofliciels qui seront cités avi cours de cette étude, nous renvoyons à V Eiicbiridion symliutuium, de/initioiium et declaratiouiiin de rébus fidei et morum, auclore llenrico Denzinger. Editio andecima quant parui’it Clemens Bannwart, S../.. Fribourg-en-Brisgau, 1911 ; en abrégé, Den/.ingeh-Bannwart, 191 1. La Constitution Dei Fitius y va du n° 1781 au n" 1820. Noter que, dans cette Constitution, les canons ne viennent pas immédiatement après les chapitres auxquels ils se rapportent, mais sont groupés ensemble ajirès les chapitres. Sur la préparation et la discussion de cette Constitution voir Actæt Décréta…C’oncilii Vaticani, aiictoribus presbyteris S.J., Friboiu-g-en-Brisgau, 1892. Ce niagnilique in-folio forme le tome VII de la (’utleclio Laceiisis, ou Actes des Conciles qui ont suivi le Concile de Trente. Il est l’œuvre du P. Théodore Ghanue-RATH. Les travaux et discussions préparatoires vont de lacol.69 à la col. 246. Voir aussi les documents 554 et 555, col. 1611-1632 ; le document 560, col. 1646-1658. Tous ces documents ont été mis en œuvre par le P. Granderath dans son Histoire du Concile du Vatican, achevée et publiée par le P. Conrad KiRCH, S. J., dont la traduction française est en coui’sde publication (2 volumes ont paru, Bruxelles, 1908 et 1909).

M. B. Gaudeau a recueilli dans son J.ibellus fidei, VaiU, 1898, 103 principales pièces officielles qui

ont rap|iort à la question de la foi et de ses rapports avec la raison ; celles qui ont rapport à la Constitution />e(7/7(H.s, empruntées d’ailleurs au volume de Granderath, se trouvent n. 714-922, p. 194-313. Trois études surtout sont à signaler, qui aident à mieux comprendre la Constitution fJei Fttius. Avant tout, A. Va.ca.nt, Ftudes théologiques sur les constitutions du Concile du Vatican, d’après les actes du Concile, Paris, 1896, 2 volumes ; puis Th. Granderath, Constitutiones dogmuticue… Concilii Vaticani e.r ipsis ejus actis explicatæ utque illustratae, Fribourg-en-Brisgau, 1892, pars prior, p. 1-102 ; enfin Mgr Pie, /n.ttruction synodale sur la première constitution du Concile du Vatican, juillet 189 : , dans le recueil des Instructions synodales sur les principales erreurs du temps présent, Pai-is, 1878, [i. 505-602.

II. La thèse catholique de la foi et l’antithèse moderniste. — Sur bien des points spéciaux, l’Eglise a été amenée, comme nous le verrons, à préciser son enseignement pour écarter quelque erreur dangereuse. C’est toute la doctrine qui est mise en péril par l’idée moderniste de la foi et île ses rapports avec la raison, de la révélation, du dogme, des motifs de crédibilité. Aussi bien, l’attaque moderniste étant à la fois la plus subtile et la i>lus spécieuse pour bien des esprits, aux temps où nous sommes, groupant, sous des formules nouvelles, les principales difficultés accumulées contre la doctrine catholi(iue de la foi, il faut tenir compte de cette attaque. Nous allons <lonc en donner une idée générale. Nous aurons par là même une première idée des principales objections actuelles ; du niéuie coup se préciseront, par opposition, plusieurs <létails de la pensée catholique.

L’Encj clique /^ « scc"rf/, du 7 septembre 1907, est le grand document à cet égard. C’est le premier exposé systémati(]ue du modernisme, reconnu juste en substance par ceux qui n’avaient pas intérêt à le trouver en faute, auquel on n’a vu à redire que sur des points qui ne sont pas d’ordre doctrinal, et que les modernistes impénitents ont justilié après coup par leurs doctrines et leur attitude. Nous n’avons qu’à la consulter pour savoir quelle cist, en face de l’idée moderniste qu’elle réiirouve, la propre pensée de l’Eglise.

Contre l’agnosticisme moderniste, elle rappelle d’abord les décisions du concile du Vatican sur la cognoscibililé de Dieu, sur la possibilité et l’utilité de la révélation, sur les signes extérieurs de crédibilité ; puis elle expose les principes positifs du modernisme en matière de religion et de foi.

C’est dans l’homme même (puisqu’il n’y a aucun moyen scientiliquede remonter du monde à Dieu, ni motifs extérieurs valablesen faveur d’une révélation divine, ni même révélation extérieure d’aucune sorte) qu’il faut chercher rex])lication du fait religieux. D’où le principe de l’immanence religieuse, et la rcduetion de toute religion aune poussée du dedans, à un sentiment. « Il s’ensuit (je cite le texte français officiel), jinisque l’objet delà religion est Dieu, que la foi, principe et fondement de toute religion, réside dans un certain sentimentintime, engendré lui-même par le besoin du divin. » Besoin caché d’abord dans les profondeurs inaccessibles de la subconscience, qui ailleure, en certaines rencontres, au niveau de la conscience, et, entre deux inconnaissables, celui du dehors et celui du dedans, sans jugement préalable, « suscite dans l’àme portée à la religion un sentiment particulier. Ce sentiment a ceci de propre qu’il enveloppe Dieu et comme objet et comme cause intime, et qu’il unit en quelque façon l’homme avec Dieu. Telle est, pour les modernistes, la foi, et, dans la foi ainsi entendue, le commence-