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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/108

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MARIE, MERE DE DIEU

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dans renseignement catholique ; elle n’avait point pénétré dans le Protévangile de Jacques. Ce que ce protévangile présente d’original, c’est la légende de la sage-femme, constatant expérimentalement la virginité de Marie devenue mère. On peut croire que cette légende fut créée pour donner corps à la croyance préexistante en la virginité perpétuelle de Marie ; de fait, elle put servir à la répandre et à la populariser ; nous avons vu Clément d’Alexandrie, dès la (in du 11° siècle, l’accueillir avec une certaine faveur. Mais Clément n’a rien d’un docète, et s’il accueillit cette donnée légendaire, c’est qu’elle lui parut exempte du docétisme. Elle paraît telle également aux hommes qui, de nos jours, ont le mieux étudié le Protévangile de Jacques. Nommons Tischrn-Doni-’, r)e evaiigelioriim apocryphorum luigine et iisii, p. 2^-34, La Haye, 1851 ; Th. Zahn, Geschichte des ATltclien Kanohs, i. II, p. 774-780, iSga ; Harnack, Heschichte der AUchristlichen Litteratiir, t. 1, p. 698-Go 3, Leipzig, 1897(liésitant) ; E. Amann, f.e Protéangile de Jacques, p. 100, Paris, 1910. (M. C. Michel, Evangiles apocryphes, t. I, p. viii, Paris, 191 1, ne se prononce pas.) Certaines expressions paraissent exclure formellement le docétisme, par exemple cette promesse adressée à Siméon, qu’il ne mourra pas avant d’avoir vu le Christ venu dans la chair, X/jiîTcv sv av.r./.i (xxiv, 4)- L’observation est de Tischendorf.

Pour légendaire qu’il soit, le récit du Pseudojacques n’a rien d’hérétique et témoigne à sa façon de la croyance populaire. Origène cite le même apocryphe au sujet des n frères du Seigneur », In Malt., t. X, XVII, P. G., XIII, 876-877, sans y trouver à redire. Voir sup., col. 171. Origène, lui aussi, est pur de tout docétisme.

Le Protévangile de Jacques n’est d’ailleurs pas le seul apocryphe qui dépose en faveur de la croyance populaire à la virginité de Marie in partu ; la même conclusion se dégage de l’Ascension d’Isaïe, xi, citée plus haut, col. 167. On a lu également, ibid., Odes de Salomnn, xix : « L’Esprit étendit ses ailes sur le sein de la Vierge, et elle conçut et enfanta, et elle devint mère vierge avec beaucoup de miséricorde ; elle devint grosse et enfanta un fils sans douleur… »

Les témoignages des Pères se font, avec le temps, plus explicites.

.u m" siècle, on a entendu saint Grégoire Thait-MATURGR dire : « Quand une femme est mariée, elle conçoit et enfante selon la loi du mariage. Mais quand une vierge non mariée enfante miraculeusement un fils en demeurant vierge, la cliose dépasse la nature des corps… Le Christ est Dieu par nature, et il est devenu homme, mais selon sa nature. Voilà ce que nous affirmons et croyons véritablement, en invoquant comme témoins les sceaux d’une virginité immaculée, gage de la toute-puissance divine… »

L’idée de la virginité in partu manque à saint EpiruANE, qui d’ailleurs réserve le caractère absolument unique de cet enfantement. Hæres., lxxvii, 35 ; Lxxviii. 19, P. G., XLII, 693, 729.

L’Eglise de Syrie professait, dès le iv" siècle, la doctrine de la virginité in partit, et saint Ephrem l’expliquait par le recours à une image pittoresque. Serrno ady. hæreticos, 0pp. græcolatina, t. II. p. 266-267, Roniae, 1743 : (Chrisias) sine dolore genilus est, quoniam et sine corruptione fuerat conceptus, in Virgine cornent accipiens, non a rame sed a Spiritu sancto. Propterea et e.r Virgine prodiit, Spiritu sancto uterum aperiente ut egrederetur liomo qui naturae opifcr erat et Virgini tirtutem in suum augmentunt præhehat..Spiritus erat qui puerperam, tori maritalis nescinm. in partu adiuvabat. Quapropter neque quod natnmest sigilhim virginitatis commovit,

neque Virgo laborem ac dolorem in partu sensit. divisa quidem ob turnorem geniti Filii, sed rursus ad suum ipsius sigillum reversa, instar plicarum conchyliorum, quæ margaritam producunt et rursus in indissolubilem unionem ac sigillum coeunt… Quemadmodum igitur solus er Virgine natus est Christus, ita etiam Mariam in partu virginem permanere decebat, matremque absque dolore fieri.

En Occident, même doctrine chez saint Hilaire de Poitiers ({- 366). Citons ses propres paroles. De Tri- 1 nitate, III, xix, P. L., X, 87 A : Non quæro quomodo | natus e.r virgine sit : an detrimentum suicaro perfec-’tant e.v se carnem generans perpessa sit. Et certenon suscepit quod edidit ; sed caro carnem sine elementorum nostrorum pudore provexit, et perfectum ipsa de suis non immutata generavit.

Saint ZENON db Vérone s’exprime plus clairement, avec allusion expresse à la légende racontée par le Protévangile de Jacques : 1. I, Tract., v, 3, P. L., XI, 303 A : Serf dicet aliquis Etiam Maria virgo et nupsit et peperit. Sit aliqua tatis et cedo. Ceterum illa fuit virgo postconnubium, virgo post conceptum, virgo post filium. — L.II, 7’rac/., viii, 2, 4’4.V-415 A : Omagnum sacramentum.’Maria virgo incorrupta concepit, post conceptum virgo peperit, post partumvirgo permansit, Obstetricis incredulæ periclitantis eniram, in testlmonium reperta eiusdem esse virginitatis, incenditur manus : qua tacto infante, statim edax illa flamma sopitur ; sicque illa medica féliciter curiosa, dein admirata mulierem virginem, admirata infantem Deum, ingenti gaudio exultans, quæ curatum vénérât, curata recessil.

Saint Ambroise, In Lucam, II, lvii, P. /,., XV, 1673 A, après avoir rappelé la sanctification de saint Jean-Baptiste, vient à la naissance de Jésus : Qui ergo vulvam sanctificavit alienam ut nasceretur propheta, hic est qui aperuit matris suæ vulvam ut immaculatus e.riret. Ce passage est éclairé par le suivant. De institutione virginis, viii, 52, P. L., XVI, 320 A, après citation de E :., xuv, 2 : Quæ est liæc porta, nisi Maria, ideo clausa quia virgo ? Porta igitur Maria, per quam Christus intravit in hune mundum, quando virginali fusus est partu, et genitalia virginitatis claustra non solvit. — Du rapprochement de ces deux textes, il ressort que, dans le premier, aperuit vulvam n’a que la valeur d’une expression toute faite, pour signifier : editus est in liicem.

Selon G. Herzoo, p. 486, à la veille du cinquième siècle, … saint Jérûme ne craint pas d’attribuer à la naissance du Christ les misères qui accompagnent la naissance des simples mortels. » On nous renvoie à Adv. Iletvid., iv et Ep., xxxii, 89, à Paula. Qu’y voyons-nous ? A condition de rectifier par conjectures la documentation précaire du mystérieux Herzog, le voici. Adv. llelvid., iv (lisez xviii), P. t., XXIII, 202, nous voyons qu’en attaquant le principe de la virginité chrétienne, Helvidius avait été conduit à nier la perpétuelle virginité de Marie. Et, appuyant sa négation àe&r^’n’lé post parfum sur celle de la virginité in partu, il énumérait les hontes de l’enfantement, qu’un Dieu, pourtant, n’avait pas jugées indignes de lui. Jérôme renchérit sur l’adversaire : il détaille avec une sorte de complaisance ce qu’Helvidius n’avait fait qu’indiquer, et conclut par cette apostrophe : Accumulez les ignominies tant que vous voudrez, vousne surpasserez jamais l’ignominie de la croix, de cette croix à laquelle va l’hommage de notre foi et par laquelle nous triomphons de nos ennemis. L’autre passage, Ep., xxxii, 89, à Paula (lisez Ep., xxii, 89, à Eustochium), P. /., XXII, 428, reprend le même thème, afin de provoquer l’amour du Christ par l’émulation de ses abaissements et de ses souffrances : Novem mensibus in