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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/109

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MARIE, MERE DE DIEU

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utero ut nascalur exspectal, fastidiu siistinet, criieritus egreditiir… — Que conclure ? Le réalisme de la peinture est incontestable, et il est voulu. Mais en tout ceci, Marie n’est pas directement mise en cause. Le développement ne va qu'à faire ressortir les abaissements volontaires de son Fils. On ne trouvera pas là une néjjation explicite de la virginité in partit. Quand même on l’y trouverait, tout ce qu’on pourrait conclure, c’est qu'à cette date la pensée de saint Jérôme n'était pas encore fixée. Il écrivait Adi'. HeUidiam en 383 ; la lettre à Eustocliium en 38^. Le jor livre Adi'. lovinianum, écrit en 892/2, touche une fois, en passant, xxxi, P. /-., XXIII, 264 B, à la perl>étuelle virginité de Marie : Ilæc virgo perpétua multarum est mater virgiimm. Mais il n’est pas sûr que, dans la pensée de l’auteur, ce trait vise la virginité in partit ; on peut, je crois, l’entendre de la seule virginité pont partiim. Quoi qu’il en soit, à la fin de sa carrière, saint Jérôme n’iiésitail plus. Dans le dialogue Adi : Pelagianos, écrit à la fin de l’année 415, on lit : II, IV, p. I.., XXIII, 438 G : Solus enim Cliristiis dansas portas viiU'æ virginalis aperiiit, qttæ lamen clausæ iugiter permanserttnt. Ilæc est porta orientalis clausa, per quant solus Pontife.r ingreditur et egreditur, et nihilominus semper clausa est. C’est le dernier mot de saint Jérôme sur la virginité in partu ; il est décisif. — A vrai dire, nous ne croyons pas nécessaire de descendre jusque-là pour connaître sur ce point la pensée de saint Jérôme. Dès la polémique avec Helvidius, il notait expressément que Marie n’eut recours aux bons offices de personne pour envelopper de langes son Fils nouveau-né ; il raillait même les rêveries apocryphes qui font intervenir une sage-femme. Adv. Ilelvidium, viii, P. L., XXIII, 192 A. Ce ne sont pas chez lui de vains mots que ces noms de Virgo puerpera, Ep., Lxxvii, 2 ; cxLvii, 4. P. /-., XXII, 691 ; 1 19g ; Virgo incorrupta, Adv. lov., I, vni, P. L., XXIII, 221 G ; Virgo de virgine, de incorriipta incorruptus ; Mater t’irgo, Adv. lov., I, XXVI, P. /,., XXIII, 248 A ; £'^., cviii, 10, P. L., XXII, 885. Il compare à Marie la Sagesse, Jtp., ui, 4. P- '-. XXII, b’io : Inipolluta enim est, virginilatisque perpetuae, et qiiæ in stmililudinem Mariae, cum qiiolidie generet semperque parturiat, incorrupta est. Ce langage n’est pas nouveau ; il témoigne, chez saint Jérôme, d’une pensée qui ne varie pas.

Rien de plus net que la doctrine de saint Augustin, (f 430), Sermo CLxxxvi, in Natali Domini, iii, 1, P. /,., XXXVIII, 999 : Concipiens virgo, pariens virgo, virgo gravida, virgo fêta, virgo perpétua… Deum sic nasci oportiiit, qitando esse dignatus est homo.

Nous en rapprocherons saint Fulgen( : e(- ; -533), />e veritate prædestinationis et gratiæ Dei, I, 11, ii, P. /,., Lxv, 605 : A’ec tibidinem sensit cum Deum conciperet in utero factiim mirahiliter hominom, nec aliquam corruptionem diim in vera nostri generis carne pareret hitmani generis liedemptorem… Nequc enim decehat ut integritatem virfiinitalis creator humanae carni Deus in conditione trilnteret et idem carnis humanae' siisceptor Deus, quod /'itérai redemptttrus, virginitatem carni de qua nascebatur auferrel. Ces paroles si claires peuvent servir de commentaire à d’autres paroles du même auteur, oii G. Herzog (P- ^19^) a trouvé une dérogation à la croyance dès lors commune, £ ;  !., xvii, 27, P. L., LXV, 468 : Vulvam matris… omnipotentia Filii nascentis aperuit. Cette deuxième formule est plus concise que la précédente, mais elle ne dit pas autre chose.

La virginité in partu se trouve renfermée, avec la virginité posl partum, dans le canon 3' de Latran sous Martin ! « ' (64g), confirmé par le pape Agatiion, à l’occasion du vi' concile œcuménique (681), U. B., 206 (204). Nous avons déjà cité ce canon, col. igg.

Une formule plus précise fut employée par Paul IV en 1555 contre les Sociniens, D. B., gg3 (880) ; Nos …omnes et singitlos qui hactenus asseruerunt dogmatizarunt vel crediderunt… Beatissiinam Virginein Mariant non esse verain Dei ntatreni, nec perstitisse semper in virginitatis integritaie, ante partum se, in partu et perpetuo post partum, e.r parte Omnipotenlis Dei, Patris et Filii et Spiritus sancti apostolica auctoritate requirimus et inonemus…

La virginité perpétuelle de Marie est un thème familier aux auteurs catholiques. Nous sommes heureux d’y joindre un auteur protestant estimable, F. A. VON Lehnhr, Die Marienverehrung in den ersten.lahrhunderten, 2" Aufi., Stuttgart, 1886, p. g-36 ; 120-143.

3° La Sainteté de Mar ; e

S’il est une croyance intimement liée dès l’origine à la croyance au mystère de l’Incarnation, c’est bien la croyance à la sainteté personnelle de Marie, la Xï'/.jyyiy. '. Les quelques hésitations passagères que nous avons signalées chez des Pères du troisième et du quatrième siècle ne constituent, par rapport à l’ensemble de la tradition patristique, qu’une exception négligeable. U n’y a pas lieu de s'étendre ici sur le développement d’une croyance aussi primitive, mais seulement de préciser son objet, d’ajirès les lumières acquises à une époque de maturité théologique.

Avant tout, notons que la question de la sainteté de Marie ne peut être convenablement élucidée qu’en fonction du dogme de l’Immaculée Conception. Ce dogme devant être étudié ci-dessous, nous le supposerons acquis, et sous bénéfice des lumières qu’il apporte à la foi catholique, chercherons à interpréter la parole de l’ange : » Je vous salue, pleine de grâce. >

Le dogme de l’Immaculée Conception égale Marie à nos premiers parents avant la chute, et donne à l'édifice de sa sainteté un fondement sur lequel aucune autre sainteté — Jésus toujours mis à part — ne fut bâtie. Ce fondement une fois posé, nous sommes autorisés à croire que l’intelligence et l’amour surnaturels devancèrent en Marie l'œuvre de la nature ; qu’un don éminent de science infuse la disposa dès lors à reconnaître en son àme les touches délicates du Saint-Esprit ; que, dans l'œuvre

1. Les indications des lexiques, relatives fi ce nom, sont généralement insuftisantes et fautives. Sopiioki.es, Greek Lexicon of the mnian and byzantine periods, New-York, 1900, Y a mis un peu plus de soin que les autres, car il cite 6 exemples ; 1 de saint Hippolyte, 3 de saint Méthode d’Olympe, I de saint Sophronius de Jérusalem, 1 de .Jean le jeùtieur. Mais l’unique exemple de saint Hippolyte, emprunté £1 l'écrit Àdversus Beronem, est apocryphe et de basse époque. Il en est de même des 3 exemples empruntés à saint Méthode, et provenant de l'écrit apocryphe De Simeone et Anna. L’exemple de saint Sophrone (f 638) paraît bien authentique, encore ne s’agit-il que de l’emploi adjectif — et non substantif — du mot T.vjixytv.. Oratloin SS. Deiparæ Annuntiationem, 37, P. G, LXXXVÏI, 3265 C : » : Trvyy.yi’x. Uy.pOé-joi. Enfin le Pénitentiel attribué à Jean le jeûneur, archevêque de Conslantinople (f 59.5), serait en réalité l'œuvre d’un autre Jean le Jeûneur, vers l’an 1100, selon Bardenhewer, Pairoîogie^, p, 493, Reste donc un seul exemple, du vu* siècle. A vrai dire, on en pourrait trouver de plus anciens. Ainsi, au iv* siècle, EusiiBE Diî CKSARf-E écrit, De ecclesinstica iheologia. III, XVI, /'. G., XXIV, 103'* B : -npn rh r.y-jy/iyj UycOhn. Mais en général, l’emploi du mol ïlv.vyyi’y., surtout du substantif, comme aj>pellatinn de la Vierge, est une marque d’assez basse époque. A partir du ix* siècle, le nom de lu Uyvyyiok est fréquent dans les sceaux bizantins. Voir SchlumbfkŒR, Sigillographie de l’empire byzantin, p. 4.15.36.134. 157.158. etc. Paris. 1884, in-4°.