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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/47

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POUVOIR POLITIQUE (ORIGINE DU)

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étaient de vrais possédés du démon, ou n’étaient que des hystériques. Or l’histoire nous rapporte des signes de possession, que le pinceau ne pouvait rendre. Le démoniaque, que nous avons mentionné, parlait parfaitement des langues qu’il ne parlait ni n’entendait en dehors de ses crises, ou avant la possession. Les signes corporels même que le P.Ribadcneira indique, comment le peintre les rendrait-ils ? Cette succession de tumeurs, par exemple, qui disparaissent par un signe de croix. Cette pesanteur même, cette résistance du corps du possédé, ne peut être dépeinte que fort imparfaitement, par le nombre, la structure herculéenne et les efforts des hommes qui le soulèvent.

Nous concluons que la possession démoniaque proprement dite, telle que l’entend l’Eglise, est bien réelle, et parfaitement distincte d’une maladie naturelle quelconque ; que si on l’a confondue parfois avec la maladie, surtout avec les phénomènes hystériques, c’est parce qu’on s’est écarté des règles tracées par l’Eglise, et de la prudente et sage réserve de celle-ci.

G. J. Waffelakrï,

Evèque de Bruges.


POUVOIR POLITIQUE (ORIGINE DU). — Le but de cet article, conformément à l’objet du Dictionnaire apologétique, sera d’exposer :

1° Quelles doctrines sont enseignées comme obligatoires et quelles conceptions sont réprouvées comme des erreurs.au sujet de l’origine du pouvoir politique, par la théologie catholique et le magistère de l’Eglise ;

2° Quels systèmes sont légitimement et librement défendus, en cette matière, chez les catholiques, comme opinions reconnues compatibles avec les principes essentiels.

Nous nous abstiendrons volontairement de raconter avec détail les controverses où fut agité, à différentes époques, le problème théologique et philosophique de l’origine du pouvoir politique. Ces controverses furent, en effet, dominées et compliquées par des discussions d’ordre politique ou religieux, qui résultaient des circonstances historiques, mais qui n’avaient pas toujours une connexion nécessaire avec la question doctrinale de l’origine du pouvoir politique. L’exposé des controverses anciennes nuirait quelque peu à la clarté d’un problème philosophique et théologique qui, de nos jours, s’est trouvé posé en termes beaucoup plus nets et plus simples que par le passé. Dégagée de certaines complications irritantes (et adventices), la question se laisse discuter avec plus d’ordre, d’utilité et de sérénité.

Zone des certitudes doctrinales. — La question est de savoir quelle est l’origine et quel est le caractère du droit de commander et du pouvoir moral d’obliger la conscience, que la morale naturelle et la morale chrétienne reconnaissent aux détenteurs de l’autorité publique dans l’Etat. La réponse catholique est surtout donnée dans les enseignements de la Papauté contemporaine contre les erreurs doctrinales propagées, en cette matière, depuis la fin du dix-huitième siècle, avec un radicalisme que l’on n’avait jamais connu depuis la victoire du christianisme sur le paganisme. Les enseignements pontificaux dont nous parlons exposent une doctrine de droit naturel, corroborée par la tradidion authentique de l’Eglise et certaines affirmations catégoriques de la sainte Ecriture elle-même.

Le principal passage du Nouveau Testament qui consacre les droits légitimes du pouvoir politique est ce fragment delEpltre aux Romains : Que chacun

soit soumis aux autorités supérieures, car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existentont été établies de Dieu. C’est pourquoi celui qui résiste à l’autorité résiste à l’ordre établi de Dieu, et ceux qui résistent s’attireront un jugement [de condamnation]. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise que les magistrats sont à redouter. Veux-tu donc ne pas craindre l’autorité .’Fais le bien, car tu recevras d’elle des louanges, car elle est, à ton égard, le ministre de Dieu pour le bien. Que si tu fais le mal, sois dans la crainte, car ce n’est pas en vain qu’elle porte l’épée, étant ministre de Dieu pour infliger un châtiment à celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte du châtiment, mais encore par motif de conscience. C’est aussi pour cela que vous parez les impôts, car [ceux qui gouvernent] sont des ministres de Dieu devant faire face aux exigences de leur emploi. Rendez donc à tous ce qui leur est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui la taxe, la taxe ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur(Rom., xii, 1-7. Cf. I Pet., il, 13-78).

Les documents de Pie IX, Léon XIII et Pie X condamnant les erreurs contraires à la conception catholique du pouvoir politique, ou proposant directement la vraie doctrine, sonlles textes suivants :

De Pie IX : Encyclique Quanta Cura, du 8 décembre 1864 (Denzingbr-Bannwart, 1691). — S) Habits, propositions 56 à 64 (D.-B., 1756-1764).

De Léon XIII : Encycliques Diuturnum illud du 20 juin 1881, sur le gouvernement civil (D.-B., 1 855-1 858). — Immortale Dei, du I er novembre 1885, sur la constitution chrétienne des Etats (D.-B., 1866-1888). — Sapientiæ christianae, du 10 janvier 1890, sur les principaux devoirs civiques des chrétiens. — Au milieu des sollicitudes, du 16 février 1892, sur les affaires de France. — Præclara gratulationis, du 20 juin 189^, aux princesetaux peuples, sur les bienfaits de l’unité dans la vraie foi.

De Pie X : Encyclique Notre charge apostolique, du 25 août 1910, sur les erreurs du Sillon, notamment à propos du pouvoir politique.

L’enseignement qui se dégage de tous ces textes est d’une absolue netteté, soit pour les erreurs à réprouver, soit pour les doctrines proposées comme vraies et obligatoires.

&)Le pouvoir politique est de droit divin naturel

Une institution est de droit divin quand elle résulte, en dernière analyse, non pas d’une décision facultative des volontés humaines, faisant usage de leur libre activité, mais d’une intention certaine et authentique de la volonté divine elle-même. Ce droit divin conférera à l’institution qu’il exige et consacre une prérogative très haute, qui seral’aptitude morale à lier les consciences par des préceptes et des règles dont la force obligatoire dérivera de l’autorité du Dieu tout-puissant.

Le droit divin est naturel ou surnaturel. Il est naturel quand il est fondé sur les exigences de la nature raisonnable, telle que l’a voulue et l’a constituée Celui qui est le Créateur et l’Auteur de la nature. En d’autres termes, c’est l’intention souveraine de Dieu, inscrite par lui dans la nature de l’homme et la nature des choses. Quant au droit divin surnaturel, il dérive d’une institution positive et directe de Dieu lui-même ou de ceux que le Seigneur accrédite miraculeusement pour parler en son nom. Les institutions essentielles de la sainte Eglise et de sa hiérarchie sont de droit divin surnaturel.

D’après les lois de la Providence ordinaire, à l’égard du pouvoir politique, le Seigneur ne procède manifestement pas au moyen d’une investiture