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Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/193

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grains de plomb dans les jambes, je pourrais l’empêcher de courir et m’assurer qu’il est du pays. »

Sa femme, Jeanne Martin, qui n’avait pas grande confiance dans son adresse, lui dit : — Prends garde de mal ajuster et de faire un malheur. — Non, non, répondit-il, et fier de son idée, il s’en alla un soir se coucher sur la paille de son hangar, son fusil près de lui, espérant bien que le voleur ne lui échapperait pas.

En effet, à peine venait-il de s’étendre sur la paille, qu’il entendit du bruit. Il se leva doucement, remué par la peur, vit une masse sombre se glisser sous une haie et se diriger vers le carré de choux. Il prit son fusil, crut bien ajuster dans les jambes et fit feu. Un cri affreux se fit entendre.

Jeanne, non encore couchée et qui était occupée à cuire de la galette, accourut bien vite, une lanterne à la main. Ô ciel ! le mari et la femme trouvèrent une pauvre vieille étendue par terre, ne donnant plus signe de vie.

Tous les deux restèrent, un instant, muets