Page:Adolphe de Coston - Étymologies des noms de lieu de la Drôme.djvu/90

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gnements, pense que les formes Bamum et Banium résultent d’une mauvaise lecture des anciens actes, reproduite indéfiniment, comme beaucoup d’erreurs, et qu’il doit y avoir Bacium ou Bavium. Je le pense aussi et je ne crois pas que ces noms altérés aient pu être changés en Baix, tandis que Bacium et Basium représentent assez bien le bach allemand. Quant à l’ancienne forme Baix-sur-Baix, elle était due à ce que le village était dominé par un château-fort qui portait le même nom[1].

Plan de Baix signifie plateau de la rivière, c’est-à-dire de la Gervanne, qui coule au pied d’une haute falaise taillée à pic, et Baix, baigné par le Rhône, est synonyme du nom si commun de la Rivière. D’après M. Gatschet[2], Baïe, Baye, Baïa, Baiz, Biez, noms fréquents dans la Suisse allemande, correspondent au bach (ruisseau, autrefois rivière) germanique, et ont la même racine que paias, lac, baie, amas d’eau, en s. c. t., baïa et baya, en b. l., baï, en b. q., bahia, rivière, en esp., Baïae, nom d’une ville de Campanie, qui signifie aussi bains, eaux thermales, en l. Roubaix (Rosbacum), ruisseau des roseaux, représente le Rossbach allemand et le Roossbeek hollandais, et Marbaix, ruisseau des marais, est identique à Marbach et Marbeke[3]. Voir Buesch.

Bach appartient à la même série que beek, en holl., baek, en dan. et en suéd., bekr, en sc., beck, en ang. s., bec, en anc. normand et peut-être en celtique, beck, en anc. ang., bak, en pers., πηγη en gr. ; bek renferme, en ar. et en héb., l’idée de couler[4] ; becque, canal de décharge, dans le nord de la France ; on retrouve bec dans Bec-Hellouin, Bec-Thomas, etc., en Normandie ; dans Maubec, nom commun à cinq villages, dont l’un, situé près de Vienne, avait donné son nom à une illustre maison éteinte

  1. Albert du Boys, Album du Vivarais, p. 168.
  2. Ortsetymologische Forchungen, p. 84 ; — L. de Bochat, Mémoires critiques sur la Suisse, t. III, p. 194, traduit aussi par cours d’eau le nom de deux torrents appelés Baye, qui coulent près de Lausanne ; — Burnouf, Dictionnaire sanscrit, p. 388.
  3. E. Mannier, Études étymologiques, etc., p. 89.
  4. Meidinger, Dictionnaire, etc., p. 220.