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Page:Aeschylus - Agamennon ; Les Choephores ; Les Eumenides, 1925.djvu/20

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Rzach) et dans les Chants Cypriaques[1]. Les Catalogues, étant consacrés aux femmes, avaient sans doute tendance à amplifier, dans toutes les légendes, le rôle de chaque héroïne : Hésiode en cela ne faisait d’ailleurs que suivre une voie qui, pour Clytemnestre, était déjà indiquée dans l'Odyssée. Dès lors, le sacrifice d’Iphigénie devait aider à faire admettre le crime : il ne s’agissait plus d’une femme assassinant son mari, mais d’une mère vengeant sa fille. Enfin Stésichore, qui fait de Clytemnestre la seule meurtrtière d’Agamemnon, donne à celui-ci le nom de « fils de Plisthène », généalogie inconnue d’Homère, mais qui se trouvait déjà dans les Catalogues (fr. 98 Rz.) : s’il suit ici Hésiode, il est vraisemblable qu’il l’a également suivi dans la peinture du meurtre[2]. Ces divers indices permettent de conjecturer que les Catalogues sont le premier poème où Clytemnestre ait été représentée tuant de sa main Agamemnon. Aucune certitude ne nous est cependant permise sur ce point[3].

Quant au rôle de Delphes, il n’a pas lieu d’étonner, du jour où la légende a pris une couleur dorienne. Que la scène soit située en Argolide ou en Laconie, l’intervention d’Apollon est également naturelle. L’oracle du dieu se manifeste souvent dans l’histoire mythique de ces deux pays. C’est lui qui, d’après Pindare (Pyth. V 68-70), avait dirigé les Doriens vers Argos. C’est lui qui, selon Tyrtée[4], avait dicté aux Lacédémoniens une des règles de leur

  1. D’après la Chrestomathie de Proclus.
  2. D’autant plus que c’est à propos d’un rappel de la scène du meurtre que Stésichore donne à Agamemnon le nom de « Plisthénide » : cf. p. VII.
  3. Il est fâcheux que nous ne sachions pas à quelle tradition locale se rattache ce Plisthène introduit ainsi dans la légende : nous saurions alors avec plus de certitude où Hésiode avait localisé celle-ci.
  4. Cf. Plutarque, Lycurgue, 6. — L’existence du collège des Πύθιοι, chargés des rapports des rois avec Delphes, est aussi un témoignage frappant des relations régulières de Sparte avec le sanctuaire : cf. Pauly-Wissowa, IV 2, 2539.