Un fait digne de remarque, c’est que les aiguilles, quoique exposées continuellement à l’action destructive des agens atmosphériques, tout comme la surface unie des glaciers peu inclinés, ne présentent cependant jamais l’aspect terne et raboteux qui caractérise ces derniers. Elles sont au contraire constamment lisses, et ordinairement d’une belle teinte azurée ou verdâtre. Saussure déjà nous a donné l’explication de cette différence, qui provient, selon lui, de ce que les flancs de ces aiguilles sont continuellement lavés par les eaux qui en distillent, ce qui les rend parfaitement nets et transparens. C’est aussi ce qui fait que les glaciers qui ont le plus d’aiguilles sont toujours ceux qui font le plus bel effet pittoresque. L’explication que Gruner donne de la formation des aiguilles des glaciers est tout-à-fait fausse. Il suppose que les petits filets d’eau qui circulent à leur surface se creusent un lit de plus en plus profond et finissent par couper sa masse en tranches verticales coniques. Mais nous avons déjà vu que la mobilité des courans d’eau de la surface des glaciers est telle que cette supposition reste sans fondement.
À mesure que l’on remonte le cours des glaciers, les aiguilles deviennent plus rares, et lorsqu’il en existe dans leur cours moyen ou supérieur, elles sont toujours moins menaçantes que celles qui avoisinent leur extrémité. Ceci est une conséquence naturelle de la compacité de la glace. Nous avons dit que plus la