Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/148

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les hauts plateaux ou les mers de glace proprement dites que s’opère la transformation du glacier. De toute la masse de neige qui y tombe annuellement, une partie est absorbée par l’évaporation ; une très-faible partie s’échappe à l’état liquide par les canaux souterrains ; mais la partie la plus considérable se transforme en glace au moyen de la fonte opérée à la partie supérieure, l’eau servant à cimenter les couches inférieures, qu’elle transforme en glace en se congelant avec elles. Il est rare que dans les lieux très-élevés la couche annuelle entière soit transformée en glace. Cette transformation de la neige en glace, je voudrais pouvoir dire cette glacification progressive de la neige, est cause que certains passages inaccessibles pendant toute l’année deviennent praticables pendant les derniers mois de l’été. Tel est entre autres le glacier de Saint-Théodule, au col de Saint-Jacques, qui ne peut être franchi qu’aux mois d’août et de septembre. Encore à cette époque toute la neige n’est-elle pas fondue ; c’est pourquoi il convient de prendre ses mesures pour le passer avant que la chaleur de midi ait ramolli la croûte extérieure de la neige qui, le matin, est ordinairement assez dure pour pouvoir être franchie sans danger et surtout sans fatigue.

La neige qui tombe sur l’extrémité inférieure des glaciers est loin d’avoir la même importance pour le mécanisme de leur mouvement. Elle se fond ordinairement avant d’avoir eu le temps de passer à l’état