Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

surface du glacier, et toutes les gouttières qui se déchargent sur ses flancs, s’arrêtent ; la surface des flaques d’eau dormante se congèle, le glacier se hérisse de toutes parts de petites aiguilles de glace qui résultent de la congélation et, partant, de la dilatation de l’eau, qui remplissait, pendant le jour, tous les interstices et fissures qui existent entre les fragmens anguleux dont se compose le glacier. Sur le glacier inférieur de l’Aar, la température de l’air était à peine tombée à −1,5° que déjà j’observais ce phénomène. Il en résulte une sorte d’efflorescence dendroïde très-variée et d’un fort bel effet ; les petites crevasses se couronnent d’une efflorescence d’aiguilles dirigées dans tous les sens au dessus de leurs bords ; et lorsque le froid de la nuit est très-intense, on voit même l’eau de crevasses qui ont plus d’un pouce de large, se congeler entièrement et déborder le niveau de la surface adjacente du glacier, au-dessus de laquelle elle forme des arêtes très-variées, comme j’en ai observé surtout sur le glacier d’Aletsch et sur celui de l’Aar. Les habitans des Alpes donnent le nom de fleurs du glacier à ces bouquets d’aiguilles de glace qui affectent souvent les formes les plus variées. Mais, dès le matin, toutes ces fleurs disparaissent avec le retour de la chaleur ; les petits filets d’eau reprennent leur cours, les flaques se dégèlent, et la surface du glacier reprend l’apparence animée qu’elle a habituellement pendant les jours d’été. J’ai