Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/217

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Nous avons vu (pag. 54) que l’accumulation de matières opaques, entraînées par les petits filets d’eau qui sillonnent la surface du glacier, est sans contredit la cause première de la formation des creux dont elles tapissent le fond : à cette cause de la fusion de la glace vient bientôt s’ajouter, à raison de sa plus grande densité, qu’elle acquiert entre +4° et +4,5° C, l’eau qui s’est échauffée au contact avec l’air, et qui, tendant à se précipiter au fond, déplace l’eau qui est résultée de la fonte de la glace, pour agir comme corps chaud sur la partie du glacier qui n’a pas encore été liquéfiée. Les petits affluens de ces creux y accumulent continuellement une plus grande quantité de matières terreuses, et ainsi l’on voit se former, par la persistance des mêmes causes, ces grands entonnoirs dont la présence à la surface du glacier surprend si fort au premier abord (Pl. 1 et 2).

J’ai vu le glacier encore humide et fondant par une température de l’air extérieur qui n’excédait pas +1° ; cependant il arrive souvent que la température extérieure s’élève considérablement sans que le glacier paraisse s’humecter ; c’est toujours le cas, lorsque l’air est très-sec ; alors, au lieu de se fondre, la glace se transforme immédiatement en vapeur d’eau, par l’effet de l’évaporation, et la surface du glacier demeure sèche.

Lorsque, le soir, la température tombe au-dessous de zéro, tous les petits filets d’eau qui courent à la