Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/286

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que la différence de niveau entre les blocs des différens horizons, qui, au point de départ (la chaîne du Mont-Blanc) était de 5 100 pieds, ne fut que de 2 000 pieds en arrivant sur les flancs du Jura, et cela après avoir franchi un espace de plus de 300 000 pieds ? c’est-à-dire qu’il serait résulté de ce mouvement une convergence uniforme de 3 000 pieds sur un plan très-étendu ; et tout cela pour expliquer la différence qu’on observe entre les blocs qui gisent au sommet de Chaumont et ceux des bords du lac de Neuchâtel ! Mais en admettant même que cela fût possible, comment se fait-il que ces blocs ne se soient pas usés et arrondis pendant le trajet ? car ils ont dû nécessairement s’entrechoquer et se heurter contre les parois des vallées qu’ils traversaient : comment ne s’est-il pas opéré de triage en rapport avec leur volume et leur poids ? Il est vrai que l’on a dit que la rapidité de ces courans était telle qu’ils emportaient également les grands et les petits blocs, que les blocs n’avaient pas le temps de toucher le fond de l’eau, et encore moins de rouler, etc. Mais alors pourquoi ne se sont-ils pas pulvérisés en heurtant contre le Jura, et comment la résistance des milieux se trouve-t-elle ici tout-à-coup sans influence ? Nous verrons plus bas que tous ces phénomènes s’expliquent bien plus naturellement par la supposition de grandes nappes de glace qui auraient recouvert le bassin suisse.

Mais il est d’autres faits qui sont en opposition avec