Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/287

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la théorie des courans : c’est, entre autres, la présence des blocs erratiques dans les vallées intérieures de la chaîne du Jura, qui ne s’ouvrent pas directement dans la grande vallée suisse. J’ai signalé ce fait à la société géologique de France, lors de mon passage à Paris, en 1835 ; mais mes observations, que l’on qualifia d’opinion, furent contestées dans le Bulletin[1], comme étant contraires à la théorie généralement reçue du transport des blocs erratiques ; car l’on prétend que les blocs erratiques n’ont franchi les premiers chaînons du Jura que vers la frontière de la vallée du Rhône. Cependant Jean-André DeLuc l’aîné avait déjà fait connaître leur position dans ses voyages[2]. « Quand on va, dit-il, de Môtiers-Travers à Fleurier, on rente contre autant de pierres primitives que si l’on était dans une vallée des Hautes-Alpes. On est là cependant à cinq lieues de l’ouverture de la vallée, du côté du lac ; et cette vallée, près de son ouverture, est pour ainsi dire fermée par deux défilés, l’un appelé la Clusette, et l’autre les Œillons. Au village de Plancemont, situé à la tête d’une grande combe qui se termine à la coupure au-dessus de Couvet, on trouve sa pente couverte d’une quantité considérable de blocs de granit. Au-dessus de Môtiers-Travers, au midi, il y a une petite combe située au-dessous d’une

  1. Bulletin de la Société géologique de France, Tom. 7, p. 80.
  2. A. DeLuc, Voyages géologiques dans quelques parties de la France, de la Suisse et de l’Allemagne. Londres, 1813, vol. 1.