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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

Un instant après que la sonnette eut été agitée, Jean entra, une lampe à la main ; il la déposa sur la cheminée. Comme elle jette une vive lumière dans tout l’appartement, nous pouvons examiner Mme Darwey et ses petites-filles, pendant que Jean ferme les volets et baisse les rideaux de la fenêtre.

Mme Darwey paraît avoir une soixantaine d’années ; sa figure douce et fine est encadrée de papillotes blanches. Elle a une douillette de soie noire et sur la tête un bonnet de dentelle ; car elle s’habille avec une élégance de bon goût et a les habitudes de toilette d’une femme du monde. Il y a de grands rapports entre les traits de la plus jeune de ses petites-filles et les siens ; mais le visage de Mme Darwey a pris avec l’âge une expression sérieuse, qui n’exclut pas cependant une aimable et spirituelle gaieté : quant aux yeux de l’enfant, ils brillent d’une vive et mutine malice. Gilberte, c’est le nom de cette cadette, a de grands yeux bleus, bien fendus ; sa figure rose et blanche et ses longs cheveux blonds rejetés en arrière en font une délicieuse enfant. Mais Gilberte a un défaut, un grand défaut, elle est colère ! Et cette petite fille qui, lorsqu’elle est sage,