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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

et donner en son honneur un dîner qui réunissait toutes les notabilités du pays. Ginevra et moi nous avions couru toute la journée à travers la maison, suivant les domestiques qui ornaient et préparaient les salons, et nous amusant beaucoup de ces préparatifs de fête. Ma mère, qui, afin de réserver ses forces pour le soir, était restée dans sa chambre, nous envoyait donner ses ordres, et nous étions enchantées toutes deux de faire les personnes importantes et de dégringoler les escaliers pour aller porter à la cuisine une explication oubliée, ou à la salle à manger une observation à propos du dessert.

« Nous n’avions jamais vu la maison s’animer ainsi, et nous nous faisions d’avance une grande joie d’assister à cette fête.

« Le soir, on nous mit des toilettes nouvelles ; car, bien que nous fussions encore jeunes, nous avions tant insisté pour assister au dîner, qu’on nous avait accordé d’y rester jusqu’au dessert. Nous nous figurions que ce devait être très-amusant, et nous avions promis d’être bien sages. Hélas ! je manquai bien à ma promesse.