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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

« Ma sœur et moi nous avions des robes de mousseline blanche brodées, avec des rubans blancs aussi dans les cheveux ; avant l’arrivée des invités, nous allâmes nous faire admirer à notre vieux François, et je me souviens qu’il nous dit avec enthousiasme :

« — Ah ! Mesdemoiselles, vous êtes belles comme des anges du bon Dieu ! »

« Nos minois roses et nos belles chevelures composaient pourtant toute notre parure ; mais François n’avait jamais vu, disait-il, rien de si beau que les deux petites filles de ses maîtres ; et quant à nous, nous fûmes très-fières de son compliment, et nous remontâmes tout heureuses, pour aller sur le balcon épier la venue des équipages qui devaient amener à la Saulaie toute la noblesse des environs. Peu à peu nous les vîmes arriver, et, quelques instants avant que le dîner fût sonné, on vint nous chercher de la part de maman pour nous présenter au salon.

« Ginevra tremblait d’y entrer, et sa jolie figure était toute pâle d’émotion, quand la porte s’ouvrit devant nous, et qu’au milieu du mouvement et des conversations d’un salon plein de monde, ma mère, assise près