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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

d’une vieille dame étincelante de luxe de toilette, nous fit signe, par un sourire encourageant, de nous approcher d’elle. Je ne connaissais guère la timidité et je marchais droit vers elle en traversant le salon, tandis que chacun se retournait pour nous regarder ; mais je traînais à la remorque ma pauvre petite Ginevra, qui baissait les yeux et regardait avec obstination le bout de ses bottines. Heureusement je la tenais par la main en la conduisant, car elle était si émue que jamais elle n’eût été capable de découvrir seule notre mère au milieu de cette foule.

« Ma mère nous présenta à la dame qui causait avec elle, puis à quelques autres, et peu à peu, grâce à la bienveillance qu’on ne pouvait s’empêcher de témoigner aux enfants de la maison, nous fûmes familiarisées avec le bruit et le mouvement qui se faisaient autour de nous. Quelques jeunes femmes s’emparèrent de Ginevra, et sa grâce ravissante lui eut bientôt fait une quantité d’amis parmi les invités. Quant à moi, j’avais découvert mon père dans un coin du salon, et, me faufilant jusqu’à lui, j’avais glissé ma main dans la sienne, et,