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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

calme même m’exaspéra bien vite. La bonne qui nous avait habillées et qui nous suivait prit son parti, ce qui me mit en colère, si bien qu’en arrivant au bas de l’escalier je n’étais plus maîtresse de moi. Le cheval était devant le perron, et François le tenait. Ginevra se précipita pour monter la première ; mais moi, aveuglée par mon emportement, je la repoussai brusquement ; ma pauvre petite sœur alla tomber au bas des marches, et son front heurta la pierre dure de l’escalier, et si malheureusement que le sang jaillit.

« — Oh ! la méchante enfant, elle l’a tuée ! »

« Cette parole prononcée par la bonne me tomba sur le cœur avec un poids horrible, et qui ne devait être allégé que longtemps après. Je me précipitai sur ma sœur en jetant un cri d’épouvante ; mais on l’enleva de mes bras pour la déposer sur un lit où on fut longtemps à la faire revenir. J’étais là dans la chambre, auprès de son lit, la contemplant avec un serrement de cœur qui m’eût tuée s’il eût duré plus longtemps. Quand elle rouvrit les yeux, je me mis à genoux près d’elle et, prenant ses