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LA MADONE DE MAILLERAS

mit d’aller le lendemain matin lui dire adieu, et remercier aussi madame d’Aimant de sa belle boîte et des provisions qu’elle avait eu la bonté d’y entasser.

La conversation dura assez longtemps entre les trois enfants. Marie s’informa de tout ce qui intéressait Lizzie et son frère, depuis les progrès de ce dernier à l’école jusqu’aux moindres détails du petit ménage auquel elle s’était habituée à prendre tant d’intérêt. Jean, sa grosse balle dans les bras, était revenu auprès du fauteuil de la petite fille ; il la contemplait avec ses grands yeux, dans lesquels l’intelligence se mêlait si bien à la naïveté de l’enfance, et lorsqu’elle lui adressait la parole, il s’empressait de répondre de son mieux à toutes ses questions. Marie avait une raison au-dessus de son âge. Chez certains enfants chétifs et languissants, l’intelligence semble se développer d’autant plus que le corps reste malingre ; la vie morale prend les forces que n’acquiert pas la vie physique. D’ailleurs, la petite fille avait vécu beaucoup plus avec des personnes sérieuses qu’avec des enfants, puisque sa santé l’empêchait de prendre part aux ébats de ceux-ci ; aussi, malgré son âge