Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/58

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COMPLAINTES.




i.


Mes douz amis, à vous me veil complaindre
Du mal qui fait mon euer pâlir et taindre ;
Car de vous vient, si le devez savoir :
Ne sans vous seul confort ne peut avoir.
Or veilliez donc entendre ma clamour
Et avec ce considérer l’amour
Dont je vous aim, car brief seroit ma fin,
Se ne m’amiez de cuer loyal et fin.

Amis, je n’ay nulle joieuse vie,
Ains suy toudis en grant merancolie ;
Car je ne fais jour et nuit que penser
A vous veoir —, mais po vaut mon penser,
Quant il n’est tour, subtilité, ne voye,
Ne manière que sache que vous voye.
Si qu’ainssi sont mi mortel ennemi,
Tuit mi penser sont toudis contre mi.