Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 10 —

Si n’ay confort, amis, fors que tant plorer
Que je cuevre ma face de mon plorer »
Et quant je sui saoule de plourer,
Souvenir vient mon las cuer acourer :
Car il n’est biens ne joie qu’il m’aporte.
Ainsois toudis me griève et desconforte •
Dont j’ai souvent estranglé maint soupir,
Pour ce que trop profondément souspir.

Après désir ne me laisse durer,
Si n’ay pas corps pour tels fais endurer.
Car flèbe suy, dontpieçà fusse morte,
S’espoir ne fust, qui un po me conforte.
Et si ne say que c’est de cest espoir ;
Car pas ne vient, si me déçoit espoir.
Et s’ay cause de penser le contraire
De ce qu’il dit : pour ce ne say que faire.

Or soit ainsi com Diex Fa ordonné :
Mais je vous ay si franchement donné
Moy et m’amour, que c’est sans départir.
Et s’il convient m’ame du corps partir,
Jà ces te amour pour ce ne finira,
Qu’après ma mort m’ame vous amera.

H.

Quant Ecuba vit la destruction (11)
De la cité de Troie et de Ylion,
Et mettre à mort sa belle porteure,
Le roy Priam mis à desconfiture,