Page:Agnel, Émile - Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge - Procès contre les animaux.djvu/20

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vons citer le fait suivant, qui est rapporté en ces termes dans le Conservateur suisse :

« La superstition, dit l’auteur de ce recueil, persuadait jadis au peuple que les coqs faisaient des œufs et que de ces œufs maudits sortait un serpent et même un basilic. Gross raconte dans sa Petite chronique de Bâle qu’au mois d’août 1474 un coq de cette ville fut accusé d’un pareil méfait, et qu’ayant été dûment atteint et convaincu, il fut condamné à mort ; la justice le livra au bourreau et celui-ci le brûla publiquement avec son œuf au lieu dit Kohlenberger, au milieu d’un grand concours de bourgeois et de paysans rassemblés pour voir cette bizarre exécution[1]. »

Cette condamnation se rattache évidemment aux procès de sorcellerie, qui furent si multipliés pendant le quinzième et le seizième siècle. En effet on reprochait aux sorciers qui voulaient se mettre en rapport avec Satan d’employer dans leurs pratiques, entre autres moyens d’évocation, les œufs de coq, sans doute parce que ces œufs étaient réputés renfermer un serpent et que ces reptiles plaisent infiniment au diable. Il ne doit donc pas sembler étonnant que dans un temps où la superstition outrageait à la fois la religion, la raison et les lois, un malheureux coq fût condamné

  1. Le Conservateur suisse ou Recueil complet des étrennes helvétiennes, publié à Lausanne, en 1811, t. IV, p. 414. L’auteur de l’ouvrage intitulé Promenades pittoresques dans l’évêché de Bâle, imprimé à la Haye en 1808, et le Journal du département du Nord, numéro du 1er novembre 1813, mentionnent également ce singulier procès. Nous devons à la gracieuse obligeance de M. Pacile, bibliothécaire de Lille, la communication de ce curieux document.