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au feu avec l’œuf qu’il était réputé avoir pondu, puisque cet œuf, dans l’esprit même des juges, était considéré comme un objet de terreur légitime, comme une production du démon[1].

Occupons-nous maintenant des procès intentés pendant le moyen âge contre les insectes et autres animaux nuisibles aux productions du sol, tels que mouches, chenilles, vers, charançons, limaces, rats, taupes et mulots.

Souvent les récoltes sont dévorées par des quantités innombrables d’insectes qui font invasion sur le territoire d’un canton, d’une commune.

Au moyen âge l’histoire mentionne fréquemment des calamités de ce genre. Ces fléaux produisaient d’autant plus de ravages, que la science agronomique, presque dans l’enfance à cette époque, offrait moins de moyens pour combattre ces désastreuses invasions.

Afin de conjurer ces maux sans remèdes humains, les populations désolées s’adressaient aux ministres de la religion. L’Église écoutait leurs plaintes ; leur accordant sa sainte intervention, elle fulminait l’anathème contre ces ennemis de l’homme, qu’elle considérait comme envoyés par le démon.

Alors l’affaire était portée devant le tribunal ecclésiastique, et elle y prenait le caractère d’un véritable

  1. Le savant Lapeyronie, dans les Mémoires de l’Académie des sciences pour l’année 1710 (p. 553 et suiv.), a donné des détails fort intéressants sur les prétendus œufs de coq. Il y démontre la fausseté de cette erreur populaire, qui était encore de son temps partagée par les gens du monde. Les œufs dont il s’agit sont des œufs de poule incomplets dont le jaune s’est échappé dans le passage de l’oviductus.