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HISTOIRE

tionnaires de la royauté. Appuyés sur l’opinion publique, ils avaient aisément repoussé les tentatives du comité révolutionnaire, qui s’était résigné à attendre le représentant officiel du gouvernement provisoire. Tout se passa donc régulièrement. Le préfet, M. Lacoste, et le maire, M. Renard, remirent sans difficultés aucunes leurs pouvoirs à M. Ollivier. Le commandant de la division, le général d’Hautpoul, vint avec un empressement obséquieux faire acte d’adhésion à la République ; l’évêque prévint la visite du commissaire et lui exprima dans des termes affectueux les dispositions les meilleures ; la magistrature se montra, comme partout, beaucoup plus zélée qu’il n’était nécessaire ou convenable ; enfin, les rapports entre les anciens fonctionnaires et le nouveau pouvoir s’établirent avec une facilité et une courtoisie parfaites. Mais c’était là le côté apparent des choses, et M. Ollivier ne se dissimulait pas qu’il ne pourrait faire sérieusement accepter le gouvernement républicain par les populations qu’en ménageant le clergé et le parti légitimiste, et en tenant grand compte de leur puissance. Il s’employa d’abord à contenir l’impatience des vieux républicains, qui n’avaient, non plus que les royalistes de la Restauration, rien appris et rien oublié ; il entra en rapport direct avec la classe ouvrière et fit des ouvertures aux hommes éminents de tous les partis pour les engager avec lui, pour intéresser leur honneur à une œuvre commune de progrès. Dans la commission municipale, il introduisit des ouvriers républicains, mais sans exclure ni les bourgeois orléanistes ni les nobles légitimistes, et sut leur inspirer à tous un bon esprit de conciliation, de zèle pour la chose publique[1]. Par l’heureuse initiative de cette commission, la ville s’imposa des sacrifices qui permirent d’imprimer aux travaux publics une impulsion extraordi-

  1. Cette commission s’acquitta de ses fonctions avec une intelligence et un dévouement si parfaits que lors des élections municipales, bien qu’on fût alors en pleine réaction contre l’esprit républicain, tous les membres furent réélus.