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HISTOIRE

par le peuple comme les martyrs de sa cause, autour desquels allaient se grouper et s’organiser les forces révolutionnaires qui, ne se sentant pas suffisamment représentées au pouvoir, aspiraient à s’en emparer à leur tour.

L’origine des clubs, le mot l’indique assez, est anglaise. Le nom de club (massue) fut pris, au temps de la lutte des têtes rondes et des cavaliers, par les premières assemblées populaires qui se formèrent dans le but de terrasser la monarchie. Plus tard, en changeant d’acception, le mot passa dans le vocabulaire de la royauté représentative. L’engouement de la noblesse française pour les modes britanniques et l’admiration de nos hommes d’État pour les mœurs politiques de l’Angleterre préparèrent l’introduction des clubs en France.

Plusieurs clubs se formèrent spontanément à Versailles, en 1789, autour de l’Assemblée nationale[1] et la suivirent quand elle vint s’établir à Paris. Là, au sein d’une population effervescente, les clubs crûrent rapidement en nombre et en force ; ils rivalisèrent bientôt d’influence avec l’Assemblée et finirent, en se propageant sur tout le territoire, par s’emparer presque absolument de la direction des affaires. Leur influence expira, comme on sait, le 9 thermidor avec la domination des jacobins qui leur avaient donné une organisation formidable[2].

Il serait hors de propos d’examiner ici leur action dans ses détails ; il convient seulement de remarquer que les clubs contribuèrent puissamment à répandre dans les masses cette opinion funeste, beaucoup trop ac-

  1. Le premier club avait été ouvert à Paris, par le conseiller Duport, dans sa maison au Marais. Il était composé de parlementaires. Il se transporta à Versailles à l’ouverture de l’Assemblée et prit le nom de Club breton. Revenu à Paris, il s’établit dans l’ancien couvent des Jacobins où il changea complétement de caractère et de tendances, sous l’influence de Danton et de Camille Desmoulins.
  2. Il y eut, pendant le cours de la Révolution, jusqu’à 2 400 sociétés jacobines qui formèrent un gouvernement véritable, rendant des décrets, prononçant des jugements, etc.