Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/111

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A peine le prince d’Orange était-il entré en convalescence, qu’une nouvelle épreuve vint assaillir son courage. Sa femme, Charlotte de Bourbon, qu’il avait épousée par amour et dont il était aimé avec une tendresse passionnée, mourut en couches des suites de la frayeur qui s’était emparée d’elle et de ses alarmes pour une vie qui lui était plus précieuse que la sienne propre. C’était une princesse d’un grand cœur et d’une belle intelligence. Son union avec Guillaume de Nassau, longtemps traversée, avait été pour elle une occasion de luttes où elle avait fait paraître une constance d’âme digne de celui à qui elle s’était donnée. Les tendres soins qu’elle prodiguait à six enfants dont elle était la mère ne détournaient pas son esprit sérieux de l’attention aux affaires publiques, où souvent elle secondait la politique de son mari ; et sa mort prématurée fut un témoignage suprême de ce touchant amour que sa vie n’avait pas suffi à exprimer tout entier.

Cependant, Alexandre Farnèse avait ajouté foi au bruit qui s’était répandu de la mort de Guillaume, et il s’était hâté d’annoncer aux principales villes de Flandre et de Brabant que, Dieu ayant ôté du monde la cause unique et l’instrument principal de tant d’insolences contre la religion et le roi[1], Sa Majesté offrait à tous ses sujets un pardon entier. On a dit que le prince de Parme avait connu et encouragé l’attentat de Jau-

  1. Gachard, Correspondance de Guillaume le Taciturne, t.1, p. 14.