Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/116

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tumulte populaire, d’armer les catholiques contre les protestants, et de proclamer le pouvoir absolu du duc d’Anjou. François de Valois se réservait pour lui-même, comme un raffinement de trahison, la prise de la ville d’Anvers, résidence des états, et la capture du prince d’Orange.

L’impatience du commandant de Dunkerque, Chamois, qui n’attendit pas le jour marqué, compromit le succès de l’entreprise. A la faveur d’une querelle, suscitée à dessein, les soldats français avaient chassé les milices de la ville, et Chamois en était seul resté maitre ; mais le bruit de l’événement parvint au grand bailli de Bruges assez à temps pour qu’il pût se mettre en défense et, quand le capitaine Rebours, envoyé par le duc d’Anjou pour prêter main-forte à la garnison française, arriva devant Bruges, il trouva les chaînes tendues et tous les bourgeois sous les armes. Saisis de frayeur, et craignant d’être massacrés par le peuple, les soldats de Rebours se retirèrent en toute hâte ; la garnison les suivit, et la ville fut sauvée. A Ostende, les Français furent enfermés dans l’église et désarmés par les compagnies flamandes, qui avaient eu vent de la trahison ; mais le retentissement de ces événements, l’attitude et le babil des jeunes seigneurs de la suite du duc d’Anjou jetèrent l’alarme dans la ville d’Anvers. Dans l’après-midi du 16, le bourgmestre vint prévenir le duc que, pour satisfaire les bourgeois, il se voyait obligé de faire tendre les chaînes de meilleure heure