Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/117

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que de coutume, et de faire allumer des lanternes à la porte des maisons. Le duc l’approuva, mais il fit mine de s’étonner, de se chagriner de ces inquiétudes sans fondement, et parvint à endormir la méfiance du bourgmestre par ses protestations et son air de franchise[1]. Le lendemain matin, 17 janvier, jour de la Saint-Antoine, le duc d’Anjou, qui avait fait avancer et camper sous les murailles un renfort considérable de troupes, et qui avait déjà introduit et logé dans le voisinage de son palais un grand nombre de gentilshommes, s’apprêtait à monter à cheval, sous prétexte de visiter le camp, lorsque le prince d’Orange entre chez lui. Guillaume savait les inquiétudes du peuple ; il venait d’être averti positivement par le ministre Villiers. Avec une loyauté qui allait rendre plus odieuse encore la fourberie du duc, il s’ouvre à lui ; il s’efforce de le dissuader de sa visite au camp ; il lui en fait voir les suites possibles, dans l’état d’agitation où sont les esprits. Le duc reprend le rôle qu’il a joué la veille ; il remercie Guillaume de ses bons avis et parait disposé à s’y rendre ; il s’indigne de l’impudence de ceux qui répandent des bruits aussi mensongers ; il veut que l’on châtie ces imposteurs ; « il déclare n’avoir veine en son corps qui ne pensât au bien public[2]. » Au bout de quelques instants de conversation néanmoins, revenant sur son intention

  1. « Il me trompera bien s’il ne trompe tout le monde disait, de François de Valois, le roi de Navarre à Sully. Mémoires, ch. xv.
  2. La Pise, IVe partie, p. 531.