Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/118

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feinte de renoncer à la revue, il invite le prince d’Orange à l’y accompagner. Celui-ci, bien que trompé à demi par l’accent du duc, et surtout par l’immense invraisemblance d’une action aussi ignominieuse, élude cependant l’invitation, et se retire dans le château.

Vers midi, le bourgmestre ayant donné l’ordre de lever dans quelques rues ! es chaînes qui restaient tendues par toute la ville, afin de laisser le passage libre au cortège, le duc d’Anjou monte à cheval, entouré de sa garde française et suisse et de deux cents gentilshommes vêtus comme pour une fête, mais qui tous ont des armes cachées sous leur manteau. Le duc s’avance vers la porte appelée de Kipdorp ; elle était à ce moment peu gardée, la plupart des bourgeois étant rentrés dans leur maison pour y prendre leur repas. À peine le duc avait-il franchi le premier pont-levis, que le comte de Rochepot, feignant d’avoir reçu une ruade, appelle au secours, et crie qu’il a la jambe cassée. C’était le signal convenu. Comme le commandant de la garde bourgeoise, Vierendeel, accourait avec quelques autres pour assister le blessé, on les tue traitreusement. Les troupes du dehors, qui s’avançaient à la rencontre du duc, se pressent en deçà des portes, se jettent sur la garde bourgeoise et en font une affreuse boucherie ; après quoi, ils mettent le feu à une maison voisine : c’est le second signal.Alors, le duc, sorti de l’enceinte, annonce son dessein au duc de Montpensier, au comte de Laval, au comte de la Rochefoucauld et aux autres seigneurs auxquels il