Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/134

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de Hollande, à titre héréditaire, en se conformant seulement à l’ancien usage, qui laissait aux états le droit de choisir, entre les fils du souverain, son successeur.

Guillaume lui-même, dont l’esprit sage et les religieuses ambitions avaient si longtemps repoussé la tentation du pouvoir suprême, vaincu par le temps, par le spectacle de la folie des princes et surtout par la constance du peuple batave, reconnaissait la main providentielle dans cette suite d’événements heureux ou funestes qui le faisaient seul arbitre, seul défenseur, seul chef possible de la république. Mais l’ennemi, qui depuis tant d’années croyait sentir concentrées en lui la force, la durée, tout le destin de cette république, s’acharnait plus que jamais à l’ôter du monde. Malgré les succès de Farnèse, la Flandre et le Brabant ramenés, ou peu s’en fallait, à son obéissance ; malgré l’ébranlement des catholiques et la déroute des Français aux Pays-Bas, Philippe II ne se tenait assuré de rien tant que respirerait le prince d’Orange. La cour de Rome n’était pas moins exaspérée contre ce ferme soutien du protestantisme. Au Vatican comme à l’Escurial, on se troublait au seul nom de Guillaume. Les colporteurs des promesses royales parcouraient en tous sens les Pays-Bas et tentaient la cupidité des hommes en détresse les moines et les prêtres promettaient aux fanatiques le secours des puissances du ciel. Plusieurs assassins déjà, surpris avant l’exécution, avaient con-