Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/135

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fessé leur crime[1]. Un Espagnol, nommé Pietro Dordoño, avait été écartelé à Anvers ; Hans Jansen, riche négociant, avait subi à Flessingue le dernier supplice. Un capitaine français de la garnison de Terneuse, nommé Le Goth, prisonnier du marquis de Richebourg, excité par lui et par le prince de Parme, qui lui rendirent la liberté, à entreprendre contre la vie de Guillaume, en avait averti le gouverneur de Terneuse. Mais ces tentatives, avortées et châtiées, ne décourageaient ni les instigateurs ni les exécuteurs de trahison. Au moment où fut commis l’attentat dont je vais parler, quatre scélérats de pays divers, un Anglais, un Écossais, un Français et un Lorrain, épiaient, sans s’être concertés, l’occasion de tuer le prince d’Orange. Avertis par de si nombreux exemples, ses amis le suppliaient de se tenir sur ses gardes ; lui-même cependant, bien qu’il eût conçu, depuis le coup de Jaureguy, le pressentiment d’une fin prochaine, se refusait à prendre aucune précaution particulière : l’entrée de sa maison était interdite, il est vrai, aux Espagnols et aux Italiens, mais tous les autres étrangers y avaient un libre accès, et rien n’était plus facile que d’arriver jusqu’à sa personne.

  1. Il y eut contre le prince d’Orange huit tentatives d’assassinat découvertes avant celle qui réussit. Le projet de faire assassiner Guillaume avait été conçu, dès le temps du duc d’Albe, par le gouvernement espagnol. Au congrès de Cologne, le duc de Terra-Nuova, ambassadeur de Philippe II, signait un acte par lequel il s’engageait à payer vingt mille écus à Jean Van der Linden, abbé de Sainte-Gertrude à Louvain, qui proposait de faire tuer le prince d’Orange. (Gachard, v., I.)