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Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/143

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des potences, au-dessus des quatre principales portes de la ville.

Gérard écouta sans pâlir ces épouvantables paroles ; puis, avec une émotion religieuse, il découvrit sa poitrine déchirée, où la torture avait laissé des marques sanglantes, et dit, en comparant sans doute son martyre à la divine ignominie du Sauveur des hommes : Ecce homo. Les apprêts du supplice n’étonnèrent point ses yeux ; il subit, sans pousser un cri ; sans donner aucun signe de douleur, ce châtiment barbare dont nous avons peine à supporter le récit. Un des bourreaux qui le tenaillaient ayant laissé échapper son fer rouge, l’instrument de torture frôla la tête d’un des autres exécuteurs ; le peuple rit ; Gérard rit avec le peuple.

Une insensibilité aussi incroyable fut attribuée par les uns à la puissance du démon, par les autres à une assistance extraordinaire de Dieu. « Les ecclésiastiques, dit le président De Thou[1], donnèrent dans tous les Pays-Bas de très-grandes louanges à sa constance ; ils firent des réjouissances dans toutes les villes du roi d’Espagne. » Les jésuites, que Gérard avait consultés, ne manquèrent point à leurs promesses et le représentèrent comme un martyr[2] ; l’université de Louvain fit imprimer

  1. Histoire universelle, livre LXXIX. Voir aussi une ode à la louange de Gérard, par Levinus Torrentius,évêque d’Anvers. (Ypey en Dermout.)
  2. Relazione del successo della morte di Guillelmo di Nassau, principe di Orangi, et delli tormenti patiti del generossissimo Giovane Baldassare Gerardi, Borgognone.