Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/158

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armée de quatre-vingt mille hommes, il entourait, isolait les unes des autres, réduisait à la famine, sans même les assiéger, les dernières villes de la Flandre et du Brabant qui tenaient encore pour l’Union. Dendermonde, Villebroek et Vilwoorde, pourvues de garnisons trop faibles, venaient de se rendre ; Gand, l’orgueilleuse cité, capitulait sans attendre le siège ; Anvers était investi. Si Anvers succombait, c’en était fait de la liberté belgique. Il fallait donc au plus vite s’assurer un aide puissant ; il fallait un allié du dehors qui pût faire diversion aux forces du roi d’Espagne.

Les deux alliances naturelles, les seules conseillables et dont on put espérer un secours efficace, car on avait fait du vivant du prince d’Orange la triste expérience du peu qu’il y avait à attendre des princes protestants de l’Allemagne, c’étaient encore pour les Provinces-Unies l’alliance anglaise et l’alliance française. Deux opinions se prononcèrent. Les affinités de race, de mœurs, les sympathies religieuses, la personne même de la reine d’Angleterre qui mettait sa gloire dans le titre de défenseur de la foi, parlaient très-haut ; tandis que le sang, la religion, le caractère des princes de la maison de Valois récemment éprouvé aux Pays-Bas, paraissaient autant de motifs d’éloignement. Mais d’autres considérations militaient en faveur de l’alliance française. Il existait déjà dans les villes commerçantes de la Hollande un très-fort esprit de rivalité, qui voyait avec déplaisir s’étendre le commerce, ou plutôt la pira-