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Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/38

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A la vérité, le « grand privilége, » souvent contesté par les princes pour avoir été arraché à une princesse mineure, fut plus souvent encore négligé, volontairement oublié par eux. Et leurs empiétements, que favorisaient les factions perpétuelles aux Pays-Bas, les discordes entre les nobles, les bourgeois et les paysans, les querelles de ville à ville, et cet adoucissement insensible des mœurs qui naît des habitudes plus sédentaires et d’une certaine culture des sciences et des lettres, gagnaient de proche en proche, et sans qu’on y prit trop garde, sur les libertés.

Dans le même temps, la plus indépendante des provinces, la Frise, harassée, épuisée par les factions, s’était laissé persuader par l’empereur Maximilien d’appeler de l’étranger, à la façon des républiques italiennes, un podestat ou arbitre pacificateur des discordes civiles. Le duc de Saxe, nommé podestat, entra en Frise avec ses bandes saxonnes, et se fit bientôt proclamer protecteur héréditaire (1498). Pendant soixante et dix ans, ses descendants, les princes saxons, gouvernèrent la Frise ; puis, après lui avoir ôté une à une ses libertés, ils la vendirent à la maison d’Autriche.

Comme on en était là et que la souveraineté, passée des mains de l’archiduc Maximilien, époux de la princesse Marie, dans celles de leur fils, Philippe le Beau, ne paraissait plus contestée, un choc inattendu réveille comme en sursaut la fierté nationale, et ranime, au bruit