Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/39

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de son Océan courroucé, le vieil esprit des races germaniques.

Les Espagnols viennent aux Pays-Bas. Ils n’y viennent point en conquérants, par la guerre, mais en alliés, sous les auspices et dans les fêtes d’une union heureuse. Ils suivent leur jeune princesse, bientôt reine d’Aragon et de Castille. Le mariage de Philippe le Beau avec Jeanne la Folle, fille de Ferdinand et d’Isabelle, en 1496, qui va réunir sous le même sceptre l’Espagne, les Deux Siciles, la Bourgogne et le nouveau monde, met soudain en présence les hommes du Nord et les hommes du Midi, les Frisons et les Castillans, les Germains du lac Flevo et les Goths des monts Asturiens : deux races de forte trempe mais opposée ; d’un sang généreux mais ennemi ; qui se repoussent d’instinct avant de se connaître, et haïssent l’une chez l’autre jusques aux vertus et aux fiertés qui les font semblables.

Il est au sein des peuples des instincts cachés, inconscients, impénétrables, qui les font être ce qu’ils sont, quoi qu’ils en aient, et vivre de leur vie propre en dépit des hasards de la fortune. Le soulèvement des Pays-Bas germaniques contre la domination espagnole fut l’effet d’un de ces instincts. On peut affirmer qu’il était inévitable autant qu’il parut héroïque. Ici encore comme aux premiers temps de l’occupation du sol, ce fut d’une lutte acharnée, d’une étreinte tragique entre la force extérieure des choses et ! a force intérieure de l’homme que se dégagea la vie nationale de la Hollande.