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Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/40

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Quand l’empereur Charles-Quint monta sur le trône, tout semblait présager aux Pays-Bas un règne heureux. Charles-Quint aimait ses sujets flamands. Il était né, il avait été élevé parmi eux ; il parlait leur langue ; il était accoutumé à leur humeur, se plaisait à leur « obéissance mêlée de liberté[1] », et n’affectait point avec eux cette grave étiquette que le peuple espagnol voulait dans ses monarques.

A l’époque de son avènement, ses États du Nord communément appelés les Flandres et formés de dix-sept provinces qui occupaient à peu de chose près tout le territoire des royaumes actuels de Belgique et de Hollande, faisaient envie à tous les autres. L’élan que les croisades avaient donné à l’esprit d’entreprise ne s’était plus arrêté aux Pays-Bas. Dans les provinces maritimes surtout, la nécessité qui poussait au dehors une population trop nombreuse pour son territoire était devenue une habitude, un goût, une passion. Les paysans hollandais, ceux des îles de la Zéelande, qui s’apprenaient tout enfants à lancer leurs petites barques le long des côtes périlleuses et dans les mers intérieures, à louvoyer, à serrer le vent, à éviter les écueils, à ramer contre la marée, étaient devenus les meilleurs marins du monde.

Dès le temps de la comtesse Ada, au treizième siècle, la ville de Zierikzée avait construit les premiers gros

  1. Un’ obbidenzia quasi mista di libertà. Bentivoglio, Guerra di Fiandra.