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Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/41

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vaisseaux propres aux expéditions lointaines ; et, depuis lors, les chantiers de la Hollande fournissaient de navires tous les peuples de l’Europe[1] La mer Noire avait revu ces hardis navigateurs, ramenés par le libre essor de leur génie vers ces contrées inconnues où la puissance de Rome n’avait pu fixer leurs sauvages ancêtres. Sous la conduite de tels matelots, les marchands hollandais s’aventuraient bravement et cherchaient dans les parages les plus éloignés, avec une ardeur étrangement mêlée de cupidité et de patriotisme, les denrées premières qui manquaient à leur pays. Bien qu’habiles et intéressés, leur probité native l’emportait et leur donnait partout un crédit qui doublait leurs ressources. La Ligue hanséatique, fondée vers le milieu du quatorzième siècle, avait reçu d’eux sa direction. Les premiers aussi, dans la Baltique, ils avaient proclamé la liberté des mers, en attachant à leurs mâts une image domestique de la piraterie balayée. Venise, si fameuse déjà par son commerce avec le Levant, les accueillait avec amitié. La Pologne leur livrait ses grains, la Moscovie ses métaux, la Norvège ses bois de construction. En 1296, les armateurs de la Zéelande avaient forcé Édouard d’Angleterre à permettre dans son royaume l’exportation des laines nécessaires aux fabriques des Pays-Bas, et la pêche libre du

  1. On voit, en 1414, les Hollandais et les Zéelandais louer aux Anglais des navires pour envahir la France.