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Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/43

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Enfin une pauvre peuplade de pécheurs établie sur un marais à demi desséché où ne croissent ni blé, ni huile, ni vin, ni fruits, et qui, pour résister aux rigueurs de l’hiver, brûle, faute de bois, la tourbe séchée au vent, car son pâle soleil n’y suffirait pas, est parvenue, par son activité, par son industrie, par, les libertés qu’elle a fondées en de sages institutions, à nourrir dans l’abondance de tous les biens plus d’habitants, en proportion de son territoire, qu’aucun autre pays, et à se tenir en honneur chez les plus grandes nations du monde.

À peine la boussole est-elle inventée, que les Hollandais, à l’exemple des Portugais et des Espagnols ; se précipitent vers les Indes, où ils combattront et remplaceront un jour ces premiers favoris de la fortune. Dans le même temps qu’ils s’avancent vers l’un et l’autre pôle, ces hommes persévérants continuent de lutter chez eux contre l’envahissement des flots, et tracent à l’Océan des limites. Le rempart naturel des dunes si souvent submergées, les faibles digues formées de roseaux et de varechs que le vent emportait à chaque saison, ne suffisaient plus à la sécurité d’un peuple attaché au sol par la culture. Vers la fin du quinzième siècle, on a raffermi les sables mouvants par des plantations de genêts et d’osiers on a construit, avec des pieux rattachés par des crampons en fer, des digues épaisses, hautes et solides. Au moyen de moulins gigantesques, qui pompent les eaux pluviales, et d’écluses