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prêtres comme une loi trop dure. Enfin le précepteur même de Charles-Quint, Adrien d’Utrecht, élevé au pontificat en 1522, soutenait avec vivacité les opinions d’Érasme de Rotterdam contre les théologiens scolastiques et souhaitait ardemment une réforme. Dans le même temps, par la connaissance plus répandue des langues grecque et hébraïque et par de nombreuses traductions des Écritures en langue vulgaire, l’examen, la science interprétative des textes sacrés, faisait de grands progrès.

Ainsi préparées dans les esprits, les nouveautés de Luther et de Calvin, que les marchands protestants de la France, de la Suisse, de l’Allemagne et du Danemark apportaient à Anvers et à Amsterdam, et que les soldats étrangers, à qui l’empereur confiait imprudemment la garde de ses sujets, communiquaient au peuple, se propagèrent très-vite. La jeune noblesse qui allait étudier à Genève en revenait moins soumise. « Le Rhin et la Meuse ne portent point tant d’eau dans les Pays-Bas, dit un écrivain contemporain[1] que ces fleuves d’Allemagne n’y portaient de contagion, » A la vérité, la Réforme, à ses débuts, n’avait pas l’aspect menaçant qu’elle prit plus tard. Ce fut d’abord une fermentation sourde et qui s’ignorait en quelque sorte elle-même. Nul ne croyait se rendre hérétique en lisant les pamphlets contre les prêtres que l’impri-

  1. Strada.