Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/53

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merie jetait par milliers dans la foule ; personne ne se faisait scrupule d’assister aux représentations des Rederykers, qui jouaient sur les théâtres de la foire, dans des pièces obscènes, les vices et les travers des moines. Quand le peuple alla aux premiers prêches, ce fut encore comme à un spectacle. Il applaudissait en riant les déclamations outrées, les équivoques, la mimique grotesque des prédicants, qui raillaient, comme les comédiens, la luxure des prêtres, les indulgences, les miracles, les reliques, le purgatoire et le pape. Dès l’an 1527, la Hollande et la Zéelande étaient, sans le savoir, entachées d’hérésie. Mais les édits de Charles-Quint qui se succèdent coup sur coup, renforcés à chaque fois de dispositions plus sévères, les délations encouragées par la promesse de la moitié des biens de l’hérétique, les amendes, les confiscations, les cachots éveillent la conscience du peuple ; il comprend ce qu’il a fait. A un entraînement irréfléchi succède une sérieuse ardeur. Le sang des premiers martyrs est plus éloquent encore que la parole. L’émulation du sacrifice gagne avec une rapidité prodigieuse on va, on court à la mort, d’un cœur plein de joie. Le supplice de cinquante mille d’autres disent de cent mille personnes, décapitées, écartelées, brûlées, noyées, enterrées vivantes sous le règne de Charles-Quint, ne retarde pas d’une heure la propagation de la Réforme.

Cependant, l’amollissement de la noblesse dans les plaisirs de la cour du duc de Bourgogne, son attache-