Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/59

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sions héréditaires. De là, il suivait en silence le cours des événements, épiant l’instant décisif et la dernière extrémité du désespoir populaire.

Le supplice du comte de Hoorn et celui du comte d’Egmont, son ami, l’arrachent à sa retraite. En 1568, dans la nuit du 5 au 6 octobre, il franchit le Rhin. Il entre aux Pays-Bas à main armée, en protestant, au nom du roi abusé par des ministres indignes, contre la violation des lois nationales. Il écrit sur son drapeau, dans un ordre significatif, ces paroles Pro lege, grege, rege. C’est le commencement d’une grande histoire.

À dater de cette heure jusqu’au jour où, par le pacte signé à Utrecht, les provinces du Nord s’unissent étroitement et distinguent leur cause de celle des provinces du Sud, la lutte continue pendant onze années, entremêlée de succès, de revers, de quelques intervalles de repos, mais avec une force morale toujours croissante du côté des insurgés.

En 1572, deux cent cinquante gueux de mer, chassés des ports de l’Angleterre où ils s’étaient réfugiés et jetés par la tempête à l’embouchure de la Meuse, surprennent une place importante des Pays-Bas, la Brille ; ils s’y fortifient de façon qu’il n’est plus possible de les en déloger. Ce hardi coup de main décide la fortune. Les gueux s’emparent en quelques jours de Flessingue et de Rotterdam ; ils prennent pied sur les grèves, sur les iles de la Hollande et de la Zéelande. Secrètement encouragés par les princes protestants de l’Allemagne, ils